"Arria Marcella" de Théophile Gautier, "Gradiva" de W. Jensen et "La bete dans la jungle" de H. James. L'amour au dessous du volcan

Conférencier / conférencière

"Pompéi, intacte dans son linceul de cendre, comme une momie égyptienne, grâce au Vésuve ce terrible embaumeur" Th. Gautier, "Jettatura", L'Artiste, 29 novembre 1857.

Les trois fictions pompéiennes que nous fouillons dans cette étude, sont aussi bien des récits vésuviens, qui témoignent d'une attirance-répulsion pour le golfe de Naples, longtemps destination privilégiée des amoureux et des intellectuels du "Grand Tour".
Arria Marcella de Gautier (1852), Gradiva de Jensen (1903) et "La bête dans la jungle" de James (1903), sont trois fictions fantastiques qui tournent autour de la rencontre d'un homme et d'une femme dans les ruines de Pompéi, au-dessous du volcan. Dans chacune de ces nouvelles, une femme lucide et aimante, guide un homme immature miné par la peur de l'amour, un homme en ruine qui a inhumé au fond d'une crypte intra-psychique des affects indicibles, des secrets pathogènes. Arria, Gradiva et May, apparaissent comme des directrices de fouilles menant une archéologie du savoir amoureux.
Les trois personnages masculins manifestent au départ une peur de la femme qui s'exprime au sein de Pompéi jadis ensevelie sous les cendres comme une peur de l'ensevelissement, de la destruction : une angoisse de mort, c'est-à-dire une angoisse de castration. Chez James, John Marcher traduit cette angoisse par la métaphore obsédante de "la bête dans la jungle" et de la submersion dans la baie de Naples ; le héros de Jensen, Norbert Hanold, ne cesse de répéter une phrase conjuratoire : "midi l'heure des fantômes" ; Octavien est tétanisé par "la ville morte" et le buste d'une femme fossilisée.
On voudrait montrer que les trois personnages féminins se dressent pour faire écran au Vésuve destructeur : trois femmes pompéiennes, se placent entre l'homme en ruine et le Vésuve, pour que Pompéi ne soit plus conçue comme une ville fantôme, une ville hantée, une nécropole, mais un lieu d'amour placé sous l'effigie du "Hic Habitat Felicitas" païen et on plus du "Hic Jacet" chrétien.
Dans chacune des nouvelles, il y a un mystère, un rite initiatique mené par une prêtresse attentive : le néophyte est encouragé à dépasser sa peur de la femme volcanique, méduséenne, à vaincre son angoisse de mort, pour réussir l'épreuve cruciale de l'amour, la rencontre avec Venus Pompeiana. L'échange prend ainsi la forme d'une thérapie à ciel ouvert, au sein d'une Pompéi non plus vésuvienne mais vénusienne.

Référencé dans la conférence : L'Imaginaire du volcan
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