En route pour Berlin : Voltaire épistolier et poète

Conférencier / conférencière

Alors que le texte en prose relate les circonstances du voyage, indique l'itinéraire, donne des descriptions concises, les vers se caractérisent souvent par la stylisation et la transposition (invocation aux dieux, à la Fortune, aux nymphes, voyages imaginaires). 1) Ils révèlent la culture, introduite dans la relation de voyage ou l'évocation des paysages : la Bible, Don Quichotte, La Princesse de Clèves, les connaissances de l'historien (le traité de Westphalie, la bataille de Fontenoy, l'architecture des anciens romains). 2) Ils traduisent les préoccupations du moraliste et du courtisan. Voltaire aboutit systématiquement à un éloge de Frédéric. Mais il introduit aussi hymne à la paix, réflexions sur la nature et le luxe, sur l'ingratitude humaine... 3) Ils sont souvent marqués par la veine satirique : dans l'évocation de la Hollande, l'anticléricalisme manifesté en Westphalie, la satire de Venise comme faire-valoir de Berlin, les périples burlesques (récit de deux accidents), l'autodérision. A la fois goût de la grandeur et tentation du dérisoire. Voltaire joue son rôle de "bouffon des rois". Quand il ne peut plus ni encenser ni bouffonner (affaire Maupertuis, Francfort), les poèmes disparaissent. Forme privilégiée : l'octosyllabe. Lieux évoqués : la Hollande, la Prusse rhénane, la Westphalie, le duché de Brunswick, Berlin. Corpus Une douzaine de lettres de Voltaire, écrites pendant les voyages effectués en 1740, 1743, 1750. Destinataires : Frédéric II, pour la moitié des lettres, Algarotti, Keyserling, Mme Denis (lettres fictives de Paméla), La Condamine. 

"Away to Berlin : Voltaire the letter writer as poet". While the text in prose relates the incidents of travel, maps out its itinerary, gives precise descriptions, the verse used by Voltaire is characterised by stylistic effects and transpositions (invocations to the gods, to Fortune, to nymphs, travels of the imagination). 1) They reveal the cultural elements introduced into the travel narrative or its scenic evocations : the Bible, Don Quixote, the Princesse de Clèves, the historian's learning (the Treaty of Westphalia, the battle of Fontenoy, antique roman architecture). 2) They betray the moralist's and courtier's preoccupations. Voltaire systematically ends by praising Frederic, yet he also introduces hymns to peace, along with musings on nature and luxury, human ingratitude... 3) They are often imbued with a satirical vein : when he evokes Holland, anti-clerical attitudes expressed in Westphalia, the satire of Venice as foil to Berlin, burlesque episodes (the relation of two accidents on the way), self-derision. Torn between his aspiration to greatness and an inclination to derisiveness, Voltaire plays his par of of "king's jester". When he may no longer heap praise or scoff (the Maupertuis affair, Frankfurt), the poems vanish from the text. Favoured form : octosyllabic. Places evoked : Holland, Rhenan Prussia, Westphalia, the Duchy of Brunswick, Berlin.

Référencé dans la conférence : 12e Colloque international du CRLV : Poésie et Voyage
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