Voyage et métavoyage : Tristes Tropiques de Lévi-Strauss

Conférencier / conférencière

Roland Le Huenen est professeur au Département d'Études françaises de l'Université de Toronto et Directeur du Centre de Littérature comparée de cette université. Il est l'auteur de travaux sur Balzac, le roman français du XIXe siècle et la littérature de voyage.
Principaux ouvrages :
- Balzac, sémiotique du personnage romanesque (1980).
- Récits, contes et légendes de Saint-Pierre et Miquelon (Prix France-Acadie 1986).
- Édition critique du Voyage à Terre-Neuve de Gobineau (1989).
- Discours du Voyage au Nouveau-Monde (1990).
- Le narratif hors de soi (1997).
- Itinéraires du XIXe siècle, vol. 1 et 2 (1996 et 2001).

Tristes Tropiques se présente comme un feuilleté de discours où se côtoient littérature, philosophie, ethnologie, le littéraire lui-même apparaissant comme un creu-set où viennent se conjuguer confessions et mémoires, méditations, descriptions animées par le souffle poétique, - texte pluriel qui met en scène le positionnement de sa prise de parole et dans lequel le voyageur-scripteur se regarde regarder et demeure à tout instant à l'écoute de sa propre voix afin d'en mesurer la justesse et la portée. Ce sont là autant de marques qui loin d'être incompatibles avec le profil du récit de voyage tel qu'il s'élabore à la période romantique, lui empruntent au contraire des traits essentiels. Nous chercherons donc à montrer ce qui rattache Tristes Tropiques à la grande tradition du voyage littéraire, en prenant pour point de départ de notre analyse le passage descriptif sur le coucher de soleil qui clôt la deuxième partie de l'ouvrage et sert d'introduction à la relation du voyage propre-ment dite. Ce texte nous semble au centre même de la démarche de Lévi-Strauss par l'importance qu'il accorde à l'observation conçue comme l'attention la plus extrême portée à la chose observée, au rendu de la représentation, au processus de métaphorisation qui sert de tremplin aux analyses et aux méditations futures en leur proposant un argument poétique. Si Lévi-Strauss hait les voyages et les explorateurs, ne serait-ce pas en fait au nom d'une idée, supérieure sinon idéale, qu'il se fait de l'écriture viatique et qui demeure largement fidèle aux aspirations et aux réalisations de ses illustres prédécesseurs ?

Référencé dans la conférence : 15e Colloque international du CRLV. Récits du dernier siècle des voyages
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