Voyageurs français à San Francisco

Conférencier / conférencière

Lorsque nous songeons aux contrées qui ont pu attirer les Français en Amérique du Nord par le passé, le Québec et la Louisiane viennent fréquemment à l'esprit. La Californie est à tort trop souvent oubliée. Au tournant du XIXe siècle la Ruée vers l'or fit réellement découvrir au monde entier cette terre isolée, sauvage, déjà quelque peu mythique. Les Français ne furent pas en reste et des dizaines de milliers d'entre eux se précipitèrent en l'espace de quelques années vers San Francisco, cette "Reine du Pacifique" nouveau-née. Une fois la fièvre retombée, les voyages vers San Francisco ne cessèrent pas pour autant. La quête des ultimes traces d'une époque primitive et épique et de son pendant antithétique, la modernité technique et sociale de l'Ouest américain annonçant le futur européen, motivent toujours autant les Français à se rendre vers ce Far West qui semble se fondre peu à peu dans l'Extrême-Orient. Sous la plume de quelques-uns de ces voyageurs français de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle, tout d'abord aristocrates décavés devenus aventuriers malgré eux, puis touristes fortunés effectuant une tournée des Etats-Unis, nous pouvons observer l'évolution du "Paris du Pacifique" ; du camp de mineurs insalubre et dangereux des premiers temps jusqu'à la flamboyante métropole américano-asiatique hérissée de gratte-ciel à la veille de l'Exposition Universelle de 1915. San Francisco, l'Eldorado des Temps modernes. Telle est la vision que les voyageurs français persistent à présenter de cette cité unanimement décrite comme la "capitale" d'un Etat auquel elle est identifiée. En quoi peut donc bien consister cet Eldorado sinon justement en une promesse de rêve ou de cauchemar, oscillant entre merveille et monstruosité. Voilà ce que recherchait certainement la Française ou le Français se rendant à San Francisco entre 1848 et 1915, "une ville unique vraiment, au charme malsain et un peu trouble, mais combien prenant !" ainsi que l'écrivait André Siegfried en 1914.

Référencé dans la conférence : IMAGO MUNDI (III)
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