Esthétique
«Vraiment, mon livre ne pourra être lu et supporté que par ceux qui se meurent d’avoir possédé et perdu l’Espérance Unique; par ceux qui, à jamais incroyants comme moi, viendraient encore au Saint-Sépulcre avec un cœur plein de prière, des yeux pleins de larmes, et qui, pour un peu, s’y traîneraient à deux genoux...»(1991/449).
«C’est notre tour, à présent, de visiter. On nous appelle, on va nous conduire dans la grotte où le Christ est né... Sous les cloîtres, en passant, nous croisons des gens qui en reviennent, des pèlerins russes dont les yeux, il est vrai, sont voilés de larmes, mais surtout des touristes bavards tenant en main leur Baedeker... Mon Dieu est-ce possible, que ce soit là?... Ce lieu prostitué à tous, c’est l’église de Bethléem...?»(1991/461).
«Jérusalem est trop idolâtre pour ceux dont l’enfance a été illuminée par les purs Évangiles; les yeux peuvent s’intéresser à son formalisme pompeux, comme d’ailleurs au coloris des choses de l’islam, mais c’est au dépens des pensées profondes... Le Christ, le Christ de l’Évangile, en somme j’étais venu pour lui seul, comme les plus humbles pèlerins, amené par je ne sais quelle naïve, et confuse, et dernière espérance de retrouver ici quelque chose de lui, de le sentir un peu revivre au fond de mon âme, ne fût-ce que comme un frère inexplicablement consolateur... Et ma détresse aujourd’hui se fait plus morne et plus désespérée, de ce que, même ici, son ombre achève pour moi de s’évanouir...»(1991/513).