Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833), ou notes d'un voyageur

Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833), ou notes d'un voyageur
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À propos
Itinéraire
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Date
du 20 mai 1832 au 25 septembre 1833
Type
pèlerinage et voyage philosophique et de mœurs, fait en bateau, en caïque et à cheval
Esthétique
«Ceci n'est ni un livre, ni un voyage: je n'ai jamais pensé à écrire l'un ou l'autre»(I/III).
«J'y [sc. à Jérusalem] ai passé seulement en poète et en philosophe; j'en ai rapporté de profondes impressions dans mon cœur, de hauts et de terribles enseignemens dans mon esprit. Les études que j'y ai faites sur les religions, l'histoire, les mœurs, les traditions, les phases de l'humanité, ne sont pas perdues pour moi»(I/IV).
«Quant à un voyage, c'est-à-dire à une description complète et fidèle des pays qu'on a parcourus, des évènemens personnels qui sont arrivés au voyageur, de l'ensemble des impressions des lieux, des hommes et des mœurs, sur eux, j'y ai encore moins songé»(I/VI).
«Les notes que j'ai consenti à donner ici aux lecteurs [...] ne sont bonnes à rien qu'à mes souvenirs; elles n'étaient destinées qu'à moi seul. Il n'y a là ni science, ni histoire, ni géographie, ni mœurs; [...]»(I/IX-X).
«Il ne peut y avoir un peu d'intérêt que pour des peintres; ces notes sont presque exclusivement pittoresques; c'est le regard écrit, c'est le coup d'œil d'un passager assis sur son chameau ou sur le pont de son navire, qui voit fuir des paysages devant lui, et qui, pour s'en souvenir le lendemain, jette quelques coups de crayon sans couleur sur les pages de son journal»(I/XII).
«De tous les livres à faire, le plus difficile, à mon avis, c'est une traduction. Or voyager c'est traduire; c'est traduire à l'œil, à la pensée, à l'ame du lecteur, les lieux, les couleurs, les impressions, les sentimens que la nature ou les monumens humains donnent au voyageur. Il faut à la fois savoir regarder, sentir et exprimer; et exprimer comment? non pas avec des lignes et des couleurs, comme le peintre, chose facile et simple; non pas avec des sons, comme le musicien; mais avec des mots, avec des idées qui ne renferment ni sons, ni lignes, ni couleurs»(I/156).
«C'est une singulière destinée que celle du voyageur: il sème partout des affections, des souvenirs, des regrets: il ne quitte jamais un rivage sans le désir et espérance d'y revenir retrouver ceux qu'il ne connaissait pas quelques jours auparavant. Quand il arrive, tout lui est indifférent sur la terre où il promène sa vue: quand il part, il sent que des yeux et des cœurs le suivent de ce rivage qu'il voit s'enfuir derrière lui. Il y attache lui-même ses regards; il y laisse quelque chose de son propre cœur; puis le vent l'emporte vers un autre horizon où les mêmes scènes, où les mêmes impressions vont se renouveler pour lui. Voyager, c'est multiplier, par l'arrivée et le départ, par le plaisir et les adieux, les impressions que les évènemens d'une vie sédentaire ne donnent qu'à de rares intervalles; c'est éprouver cent fois dans l'année un peu de ce qu'on éprouve dans la vie ordinaire, à aimer et à perdre des êtres jetés sur notre route par la Providence. Partir, c'est comme mourir quand on quitte ces pays lointains où la destinée ne conduit pas deux fois le voyageur. Voyager, c'est résumer une longue vie en peu d'années; c'est un des plus forts exercices que l'homme puisse donner à son cœur comme à sa pensée. Le philosophe, l'homme politique, le poète, doivent avoir beaucoup voyagé. Changer d'horizon moral, c'est changer de pensée»(I/178-179).
«Combien j'aimerais cette vie nomade, sous un pareil ciel, si l'on pouvait conduire avec soi tous ceux qu'on aime et qu'on regrette sur la terre. La terre entière appartient aux peuples pasteurs et errans [...] Il y a plus de poésie dans une de leurs journées que dans des années entières de nos vies de cités. En demandant trop de choses à la vie civilisée, l'homme se cloue lui-même à la terre; il ne peut s'en détacher sans perdre ces innombrables superfluités dont l'usage lui a fait des besoins. Nos maisons sont des prisons volontaires. Je voudrais que la vie fût un voyage sans fin, comme celui-ci, et si je ne tenais à l'Europe par des affections, je la continuerais tant que mes forces et ma fortune le comporteraient»(II/136).
«La parole est une arme ébréchée. Les plus beaux vers sont ceux qu'on ne peut pas écrire. Les mots de toute langue sont incomplets, et chaque jour le cœur de l'homme trouve, dans les nuances de ses sentimens, et l'imagination dans les impressions de la nature visible, des choses que la bouche ne peut exprimer, faute de mots. Le cœur et la pensée de l'homme sont un musicien forcé de jouer une musique infinie sur un clavier qui n'a que quelques notes. Il vaut mieux se taire. Le silence est une belle poésie dans certains momens. L'esprit l'entend et Dieu la comprend: c'est assez»(II/251).
«Cela me rappelle que j'ai eu toujours plus de plaisir à lire un poète étranger dans une détestable et plate traduction que dans l'original même; c'est que l'original le plus beau laisse toujours quelque chose à désirer dans l'expression, et que la mauvaise traduction ne fait qu'indiquer la pensée, le motif poétique; que l'imagination, brodant elle-même ce motif avec des paroles qu'elle suppose aussi transparentes que l'idée, jouit d'un plaisir complet et qu'elle se crée à elle-même. L'infini étant dans la pensée, elle le suppose dans l'expression; le plaisir est ainsi infini. il faut, pour se donner ce plaisir, être jusqu'à un certain point musicien ou poète; mais qui ne l'est pas?»(II/266-267).
«Je parlerais mal une langue inconnue; - mais cette langue universelle que le beau parle à l'œil, même de l'ignorant, que le mystérieux et l'antique parlent à l'esprit et à l'ame du philosophe, je l'entends; [...]»(III/29).
«Il n'y a d'homme complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. Les habitudes étroites et uniformes que l'homme prend dans sa vie régulière et dans la monotonie de sa patrie, sont des moules qui rapetissent tout: pensée, philosophie, religion, caractère, tout est plus grand, tout est plus juste, tout est plus vrai chez celui qui a vu la nature et la société de plusieurs points de vue. Il y a une optique pour l'univers matériel et intellectuel. Voyager pour chercher la sagesse, était un grand mot des anciens; ce mot n'était pas compris de nous; ils ne voyageaient pas pour chercher seulement des dogmes inconnus et des leçons des philosophes, mais pour tout voir et tout juger. Pour moi je suis constamment frappé de la façon étroite et mesquine dont nous envisageons les choses, les institutions et les peuples; et si mon esprit s'est agrandi, si mon coup d'œil s'est étendu, si j'ai appris à tout tolérer en comprenant tout, je le dois uniquement à ce que j'ai souvent changé de scène et de point de vue. Étudier les siècles dans l'histoire, les hommes dans les voyages et Dieu dans la nature, c'est la grande école; nous étudions tout dans nos misérables livres, et nous comparons tout à nos petites habitudes locales; et qui est-ce qui a fait nos habitudes et nos livres? des hommes aussi petits que nous. Ouvrons le livre des livres; vivons, voyons, voyageons: le monde est un livre dont chaque pas nous tourne une page; celui qui n'en a lu qu'une, que sait-il?»(III/85-86).
«Pourquoi l'œil n'a-t-il pas un langage qui peigne d'un seul mot comme il voit d'un seul regard?»(III/138-139).
Références bibliographiques
Lieu
Paris
Année
1835
Editeur
Librairie de Charles Gosselin/Librairie de Furne
Volume
4 vol.
Nombre d'exemplaires
XIX [XV]-340, III-429, III-388, III-395 pp.
Format
in-8
Annexes
tabl., front., cartes
Autre édition
Œuvres complètes de Lamartine V.-VIII. Voyages en Orient. Paris (C. Gosselin & Furne) 1836-1840, 13 vol., in-8, fig., pl. Voyage en Orient, 1832-1833. Paris (Gosselin) 1841, 2 vol., in-16. Œuvres complètes de M. de Lamartine. VI.-VII. Voyage en Orient. Paris (C. Gosselin/Furne & Cie) 1842, in-8, pl. gravées. Œuvres complètes de M. de Lamartine. VII.-VIII. Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, 1832-1833, ou Notes d'un voyageur. Paris (C. Gosselin/Furne & Pagnerre) 1845, in-16. Paris (C. Gosselin/Furne & Pagnerre) 1847, in-16. Paris (C. Gosselin/Furne & Pagnerre) 1849, in-16. Œuvres de M. A. de Lamartine. IX.-XII. Voyage en Orient. Paris (impr. de Firmin-Didot frères) 1849-1850, in-8. Œuvres complètes de M. A. de Lamartine. Nouvelle édition. V.-VI. Voyage en Orient. Paris (C. Gosselin/Furne/Pagnerre/Dufour & Mulat) 1850, in-4, pl. gravées. Extrait du «Voyage en Orient» par M. de Lamartine, suivi d'un fragment sur Malte, par M. de Chamborant. Paris (impr. de Wittersheim) 1852, 16 p. in-8. Voyage en Orient. Paris (Pagnerre/L. Hachette/Furne & Cie) 1856, in-18. Paris (L. Hachette/Furne/Pagnerre) in-18. S. l. s.d. [1860], 547 p. in-4. Œuvres de Lamartine. V.-VI. Voyage en Orient. Paris (Furne/V. Lecou & Pagnerre) 1855-1868, in-8, portr., pl. gravées. Œuvres complètes de Lamartine, publiées et inédites. VI.-VIII. Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, 1832-1833, ou Notes d'un voyageur. Paris (l'auteur) 1860-1866, in-8. Paris (Pagnerre/L. Hachette & Furne) 1870, in-16. Voyage en Orient. Paris (Hachette) 1875, 2 vol., in-8. Œuvres de Lamartine. Voyage en Orient. Paris (Hachette) 1875, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1881, 2 vol., in-16. Œuvres de Lamartine. XII.-XIII. Voyage en Orient. Paris (A. Lemaerre) 1855-1891, in-18. Paris (Hachette) 1887, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1896-1897, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1903-1904, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1907, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1910-1911, 2 vol., in-16. Paris (Hachette) 1913-1914, 2 vol., in-16
Réédition
Voyage en Orient, Paris (Gosselin) 1835, 4 t. en 1 vol., in-16. Bruxelles (J.-P. Méline) 1835, in-16. Le véritable «Voyage en Orient» de Lamartine, d'après les manuscrits originaux de la Bibliothèque nationale (documents inédits), par Christian Maréchal, Paris (Bloud) 1908, VIII-215 p. in-8