Voyage en Italie et en Sicile, fait en 1801 et 1802

Voyage en Italie et en Sicile, fait en MDCCCI et MDCCCII
Destination
Forme
À propos
Itinéraire
Lyon - Pont de Beauvoisin - montagne de la Chaille - Les Échelles - montagne de la Grotte - Chambéry - Montmélian - S.-Jean de Maurienne - Modâne - Termignon - Lanslebourg - le Mont-Cénis - La Ferriere - La Novalèse - La Brunette - Suse - Rivoli - Turin - Verceil - Novare - Milan - Marignan - Lodi - Plaisance - Parme - Colorno - Chartreuse de Parme - Parme - Reggio - Modene - Bologne - Florence - Sienne - Radicofani - Ponte-Centino - Aqua Pendente - Saint-Laurent-les-Grottes - Bolsene - Montefiascone - Viterbe - Ronciglione - Rome - Terracine - Fondi - Gaëte - Capoue - Naples - Milazzo - Patti - Saint-Stéphano - Cefalu - Termini - Palerme - Naples - le Pausilippe - lac Averne - la Solfatare - Cumes - Baies - Pouzzoles - lac Agnano - Naples - le Vésuve - Herculanum - Portici - Pompeïa - Naples - Salerne - Pæstum - Naples - Rome - Tivoli - Frascati - Rome - cascade de Terni - Lorette - Ancône - Bologne - Mantoue - le Mont-Cénis - Geneve - Ferney - Nyon
Date
du début de 1801 à l'an 1802
Type
voyage de mœurs fait en voiture, en traîneau, en bateau et à mulet
Esthétique
«J’ai fait deux voyages en Italie, [...], et j’étois bien éloigné de penser à rien écrire sur ce sujet très usé: voici ce qui m’a fait changer d’avis. [...] Je n’y allai que très disposé à admirer, et d’autant moins disposé à écrire qu’il n’y a rien à ajouter à ce qu’on en a écrit, du moins dans le genre admiratif. Quelle fut ma surprise quand en parcourant ce pays célebre, je fus obligé de rectifier mes idées sur une foule d’objets! Je me taisois cependant, persuadé que l’exagération des éloges m’amenoit involontairement à l’exagération de la critique, et que le dégoût des odes me repoussoit dans la satire. Je n’ai commencé à prendre un peu de confiance dans mon opinion qu’après un fait dont j’atteste l’exactitude: sur plus de deux cents Français que j’ai rencontrés en Italie, je n’en ai pas vu quatre qui ne convinssent de l’exagération des louanges prodiguées à ce pays. Autorisé, d’après une telle unanimité, à penser que presque tous ceux de mes compatriotes, qui en si grand nombre ont vu récemment l’Italie, en ont rapporté la même idée, je me flattois que quelqu’un d’entre eux prendroit la peine d’écrire ce qui est l’opinion de tant de monde, et de donner enfin un démenti à tant de panégyriques plus ampoulés et plus faux les uns que les autres. J’ai attendu long-temps que quelqu’un plus instruit que moi se chargeât de cette tâche; mais mon espérance a été trompée. La raison par laquelle je puis expliquer ce silence, expliquera en même temps la différence d’opinions qui existe entre les Français qui ont vu récemment l’Italie, et les voyageurs de tout pays qui l’ont décrite. Les premiers n’y étoient appelés que par leurs devoirs ou leurs intérêts, et ont jugé avec d’autant plus de sang-froid et d’impartialité qu’ils n’ont jugé que pour eux-mêmes, et sans se soucier, comme on le voit, de faire partager leur opinion à personne. Les seconds venus en Italie pour écrire un voyage, et déterminés à y trouver et à y peindre des beautés de tout genre, ont souvent commencé par les imaginer, pour les admirer ensuite; [...]»(V-VII).
«Au reste, en exprimant mes opinions très indépendantes, je suis bien loin de penser à leur asservir celles des autres»(VIII).
«Je pensois si peu à écrire sur l’Italie, que je n’avois recueilli aucuns matériaux sur ce pays: ramené à une opinion différente, j’ai retrouvé quelques lettres que j’avois écrites; j’ai interrogé ma mémoire assez fidèle, et j’ai formé du tout, l’ensemble un peu décousu que je soumets au public. J’espere que le naturel qu’on y trouvera dédommagera d’une partie de ce qu’on pourra y desirer. Le plus grand mérite de mon voyage, supposé qu’il en ait deux, sera d’avoir été écrit sans aucune des prétentions ni des préventions d’un voyageur»(IX).
«Qu’on me pardonne ce mot utilité placé à la tête d’un livre où il y a quelques plaisanteries; mais la folie est quelquefois si sérieuse, sur-tout en France, que la raison a pris souvent le parti de s’y montrer assez gaie. J’ai assez peu parlé de tableaux et de statues, ce sujet appartenant désormais à un voyage de France; j’ai moins parlé encore de minéralogie, et autres choses de ce genre qui rendent tant de voyages plus savants, mais non pas plus lisibles; c’est une lacune dans le mien, et je m’en accuse. Mais outre que je suis peu versé dans ces matieres déja traitées, j’ai cru plus intéressant encore de peindre, par exemple, les mœurs de la nation que de disserter sur les roches schisteuses ou calcaires du pays: le charlatanisme en ce genre est si facile que je l’ai même dédaigné. En un mot, on a assez observé les montagnes et les tableaux de l’Italie; j’y ai sur-tout observé l’espece. Je contredis trop souvent mes prédécesseurs pour me permettre de les juger: [...]»(X-XI).
«Le régularité est une des plus grandes beautés de l’architecture, et peut-être la plus grande: aussi suis-je loin de desirer que les rues d’une ville soient tracées comme les allées d’un jardin anglais. Je crois cependant que quelques rues circulaires ou courbes ne gâteroient rien à l’agrément de la ville la plus réguliere. L’œil n’aime pas toujours à voir tout à la fois»(20).
«Fatigué de voir tant de voyageurs prodiguer les phrases pour des choses fort ordinaires, vouloir absolument faire passer leurs visions ampoulées pour la vérité fidele; il y avoit long-temps que j’avois envie d’essayer si je ne pourrois pas donner aux juges impartiaux une idée des exagérations de ces voyageurs, et de montrer qu’il est presque aussi facile que ridicule de faire les phrases volumineuses où ils se complaisent. Il y a une demi-heure que j’ai pris la plume et que j’ai écrit tout ce qui précede. Je crois y avoir assez imité l’emphase de ces écrivains, le vague de leurs idées, la justesse de leurs conjectures, et jusqu’à la force de leurs raisonnements. Il n’y a rien de si facile que toutes ces déclamations que les gens d’esprit ont quelquefois la bêtise d’admirer, et dont le moindre défaut est souvent de ne pas contenir une idée juste»(256-257).
«Il y a une telle différence entre les mœurs françaises et italiennes, que la moitié de nos romans doit être inintelligible de l’autre côté des monts; en effet je ne connois pas un seul roman italien véritablement bon. Comment pourroit-il y en avoir? les intrigues sont toutes trop longues ou trop courtes»(273).
«Il n’y a rien de parfait dans le monde, et sur-tout mon voyage en Italie. Outre les nombreuses choses que j’y ai mal vues, il y en a plusieurs que les circonstances ne m’ont pas permis de voir. [...] Comme beaucoup de mes confreres j’aurois bien pu feuilleter des livres, et faire de belles descriptions; mais j’ai un ridicule bien grand pour un voyageur, c’est de ne vouloir parler à-peu-près que de ce que j’ai vu. Il me semble au reste qu’indiquer ces lacunes, c’est un peu y suppléer»(361).
Références bibliographiques
Lieu
Paris
Année
1806
Editeur
Impr. de P. Didot l'aîné
Nombre d'exemplaires
XII-372 p.
Format
in-8