Voyage en Suède, contenant des notions étendues sur le commerce, l'industrie, l'agriculture, les usines, les sciences, les arts et la littérature de ce royaume; les mœurs, les coutumes et usages de ses habitans

Voyage en Suède, contenant des notions étendues sur le commerce, l’industrie, l’agriculture, les mines, les sciences, les arts et la littérature de ce royaume; les mœurs, les coutumes et les usages de ses habitans; l’histoire de son gouvernement, de ses finances, de sa marine marchande, de ses forces de terre et de mer, de ses ressources; la description la plus complète de son territoire, tant sous le rapport de la géographie physique, que sous celui de la géologie et de l’histoire naturelle, avec des détails sur le gouvernement du roi Charles XIV Jean (Bernadotte), et sur les causes qui amenèrent son élévation au trône de Suède
Destination
Forme
À propos
Itinéraire
Le Havre - Elseneur - Helsingborg - Astorp - Fagerhult - Vernamo - Skillingeryd - Jœnkœping - Grenna - Osta - Linkœping - Norkœping - Stockholm - château de Rosendal - château de Haga - château de Carlberg - château de Drottningholm - château d’Ulricsdal - Stockholm - lac Mœlar - Sigtuna - Upsal - Falun - Mora - Elfdal - Upsal - Stockholm - Fitia - Sœdertelje - Nykœping - Norkœping - Linkœping - Bankeberg - Mjœlby - Dala - Hester - Sœthella - Bona - Eksjœ - Krokstorp - Vexiœ - Quarnemola - Runneby - Carlscrona - Runneby - Carlshamn - Solfvitsborg - Christianstadt - Rœnige - Astorp - Helsingborg - Engelholm - Laholm - Helmstadt - Falkemberg - Warberg - Kungbacka - Gothemburg - Helsingborg - Elseneur [- Copenhague - Hambourg]
Date
du 24 mai au début de décembre 1830
Type
voyage historique, commercial et de mœurs, fait en bateau, en canot et en voiture
Esthétique
«<Il n’est point de lecture, dit La Harpe, pour laquelle on ait plus de goût et d’indulgence que pour les voyages.> C’est en effet à ce dernier titre que nous nous sommes déterminés à hasarder la publication de cet ouvrage. L’homme sédentaire qui, dans les doux loisirs d’une existence tranquille ou les occupations d‘un heureux ménage, coule des jours uniformes et paisibles, se plaît à contempler la vie agitée et vagabonde du voyageur; il aime à le suivre dans ses courses lointaines, à connaître les impressions que des objets nouveaux ont faites sur lui, à s’identifier avec ses sensations, à s’en pénétrer pour se former une idée nette et distincte des pays qu’il veut connaître sans sortir de son cabinet. Ce n’est point par des dissertations morales et philosophiques ou par des détails historiques que l’on peut espérer de le captiver; il veut suivre le voyageur, partager ses peines et ses plaisirs, et ces récits ont pour lui un charme irrésistible, lorsque le narrateur possède l’art difficile de tracer des peintures à la fois élégantes et fidèles. Mais ces lectures si attachantes sont aussi destinées à offrir d’autres attraits que ceux d’une vaine et frivole distraction; une relation de voyage est une mine féconde où les savans ont de tout temps puisé avec succès, et qui peut distribuer ses richesses depuis l’homme d’état jusqu’au modeste agriculteur. On ne doit point se flatter, sans doute, de rencontrer dans un voyageur la réunion d’une assez grande variété de connaissances pour espérer qu’il pourra développer ses idées avec le même bonheur sur tous les sujets; chacun a son genre de mérite, sa spécialité. Au milieu de cette diversité infinie d’objets qui passent sous ses yeux, il s’attache avec plus de complaisance à ceux qui ont été le but de ses études ou de sa prédilection, et il faudrait qu’un auteur de voyages jouât de malheur, si un ouvrage de cette nature, quelque médiocre qu’il fût, ne pouvait offrir quelques pages dignes d’intérêt. Il est plus difficile de retracer avec une exacte fidélité des descriptions de lieux. Nos idées sur les beautés naturelles ont une base peu fixe, et nos opinions à cet égard ont toute l’incertitude des choses qui dépendent des caprices du goût. Les voyageurs sont d’ailleurs exposés à voir les objets nouveaux sous l’influence de leurs sensations physiques et morales et à travers le prisme de leur imagination; nos jugemens dépendent alors de mille circonstances fortuites et indépendantes de notre volonté. [...] Les impressions que nous éprouvons à la vue d’une nouvelle contrée sont d’ailleurs subordonnées aux dispositions de notre esprit; un accès de fièvre, l’état de la température, les causes en elles-mêmes les plus légères et les plus insignifiantes suffisent pour nous faire voir les choses sous un aspect bien différent de la réalité. [...] L’homme doué d’un esprit juste, d’un caractère observateur, d’un goût éclairé et pur, sait s’affranchir de ces préoccupations pour juger sainement et examiner les objets sous leur véritable point de vue. Un voyageur qui veut faire une description exacte et consciencieuse du pays qu’il va parcourir doit donc, avant tout, se dépouiller de toute prévention, afin de pouvoir s’accoutumer à des mœurs, à des usages qui lui paraissent bizarres ou ridicules, parce qu’ils blessent ses idées et les habitudes qu’il a contractées depuis son enfance. S’il parcourt une de ces belles contrées dont l’aspect exalte l’imagination, il doit se prémunir contre son propre enthousiasme, afin de pouvoir considérer les objets avec le calme judicieux d’une raison éclairée; et ce n’est que lorsque ses idées sont bien fixées par la réflexion qu’il peut s’abandonner à ses inspirations et charger sa palette de couleurs. Heureux celui dont la plume légère et gracieuse sait donner à ses récits une tournure attachante qui captive l’attention, dont les tableaux, embellis par l’harmonie du langage, retracent à grands traits les impressions qu’il éprouve, et qui, dans les scènes les plus sévères de la nature, sait cacher ses désordres sous le voile des graces. Les voyages ont surtout un immense avantage; ils contribuent à nous dépouiller de nos préjugés, à rectifier nos idées, et , comme dit Montaigne dans son langage énergique, ils sont utiles pour frotter et limer notre cervelle contre celle des autres. Le goût des voyages est fomenté et entretenu par une civilisation perfectionnée; les peuples qui se distinguent le plus par l’étendue de leurs lumières et par l’activité de leur industrie sont ceux qui s’y livrent avec le plus d’ardeur; plus ils approchent de la barbarie, moins ils éprouvent le besoin de s’instruire par des relations avec des étrangers; et peut-être que cet isolement, ce sentiment de mépris ou de haine pour les autres nations, pour leurs usages et leurs institutions, est un préjugé nécessaire et conservateur. On retrouve dans les relations des voyageurs l’empreinte de leur caractère national, et la mesure de leur goût et de leurs connaissances. Les Anglais se placent au premier rang et les ouvrages de ce genre forment, à eux seuls, chaque année, plus du tiers de toute leur littérature. Un besoin d’agitation et d’émotions fortes semble nécessaire à ces caractères réfléchis pour rompre la monotonie de leur existence. Les relations anglaises se font remarquer généralement par un esprit profond, judicieux et observateur, et souvent par le tour original, frondeur ou bizarre de leurs idées. Nous ne parlons pas ici de ces touristes inimitables pour l’énumération des auberges de leur passage et l’étendue des routes qu’ils ont parcourues. Les Allemands s’occupent de voyages avec une ardeur presque égale, et leurs relations sont peut-être celles qui ont le plus contribué aux progrès des sciences géographiques. Ils excellent dans les calculs statistiques; mais moins soigneux de plaire que d’instruire, ils sacrifient plus aux chiffres qu’aux graces. Sous ce rapport ils sont inexorables, et malheur à l’imprudent qui serait tenté de les suivre dans ce défilé, s’il n’était bien sûr de ses supputations; la moindre négligence, l’oubli de la plus petite fraction d’ame dans le dénombrement d’une population suffiraient pour attirer sur lui tous les sifflets de la critique. En France, les progrès des études géographiques se manifestent chaque jour davantage, et nos relations de voyage, par leurs notions utiles aux sciences, comme par leurs aperçus spirituels, peuvent soutenir la comparaison avec celles de toute autre nation»(I/I-IX).
«Tous les efforts de l’art seront toujours impuissans pour rendre avec vérité la nature animée; ils n’en seront jamais qu’une froide et pâle copie. Cherchez donc à reproduire sur la toile d’un panorama le bruissement des vagues, les cris de matelots, le murmure des vents, le balancement des barques, cet air diaphane, ces effets de lumière si merveilleux dans les contrées du nord! Tout le talent du peintre le plus habile aurait-il jamais pu imiter le mouvement, la vie du tableau admirable que j’avais sous les yeux?»(I/44-45).
Références bibliographiques
Lieu
Paris
Année
1834
Editeur
Arthus Bertrand
Volume
2 vol.
Nombre d'exemplaires
III-399, III-416 pp.
Format
in-8
Annexes
atlas