Imaginaire et représentations (XVIIe-XXIe siècles)
Figure littéraire, héros de cinéma, allégorie politique, personnage de bande dessinée, créature de Walt Disney, citoyen de Libertalia : le pirate, dans son énoncé même, dresse le décor et crée l'atmosphère.
Depuis quelques décennies, les historiens ont renouvelé notre vision de la piraterie des Caraïbes et, au-delà du mythe, ont retrouvé les archives et les documents. Mais lors de ces deux journées de colloque, c'est un autre chemin qui est parcouru : universitaires, écrivains, spécialistes de la représentation, dessinateurs étudient justement la construction du mythe et tentent de cerner l'image du pirate, et ce qu'elle révèle de nos imaginaires.
Des premiers récits de Daniel Defoe (alias Capitaine Johnson) à Stevenson, soit en 150 ans, c'est un "type" littéraire qui se met en place. Grâce à de talentueux illustrateurs, ce sont aussi des images qui se fixent dans l'imaginaire collectif : la jambe de bois, le perroquet, le foulard. Passé de l'Histoire aux histoires, le pirate connaît une descendance romanesque et iconographique prodigieuse. Le XXe siècle va s'emparer de ces stéréotypes et les adapter aux nouveaux modes d'expression qui apparaissent alors: cinéma, bande dessinée, etc. La figure du pirate va se figer dans les parcs d'attraction de Disney, formidables machines à recycler les images collectives. La science fiction à son tour s'empare du personnage, la jambe de bois devient "bionique", mais au fond, qu'est-ce que cela change ?
C'est à débrouiller cette généalogie des images et des représentations, à retrouver les lignes de force de cet imaginaire collectif, que s'attachent les intervenants à ce colloque.