"« Une beauté qui caresse sans captiver » : le Centre dans l’écriture du voyage en France à l’époque romantique"

Conférencier / conférencière

Sous la plume des voyageurs de la première moitié du XIXe siècle, les territoires de l’actuel Centre-Val de Loire peuvent être perçus comme une sorte de « territoire du vide » dépourvu de qualités orographiques, de personnalité provinciale, de couleur locale. La Touraine cependant fait exception à leurs yeux. Cet espace ligérien courant de Tours à Orléans est loué pour une richesse monumentale et des vues pittoresques qui rachèteraient l’inanité paysagère qu’il a fallu traverser pour y parvenir. Cette caractérisation tient autant « au procédé d’évasion du réel qu’elle procure au visiteur romantique qu’à sa personnalité géographique propre ». En privilégiant, dans ses sources, les récits de voyage en France, et non en Touraine, de la période 1800 à 1850, écrits par des auteurs étrangers à la région, Mme Odile Parsis-Barubé choisit d'étudier « les implications de cet effet traversée sur la perception d’un espace que sa position géographique prédisposait à un double effacement : effacement symbolique dans l’idée, qui prévaut, de la centralité, à l’heure où se construit la représentation des dynamiques intégratrices à l’œuvre dans la nation ; effacement esthétique aux yeux des voyageurs de cette génération qui a la prétention d’avoir inventé la couleur locale et qui, à la suite de Gautier, sait que ce n’est pas au centre qu’il faut aller la chercher mais dans les périphéries, au contact des frontières, là où les caractéristiques ethnographiques des pays étrangers débordent sur leurs marges françaises. » Son propos s’organise autour de trois axes : une interrogation sur la place du Centre dans la géographie symbolique du voyage romantique ; une analyse de la dynamique de la traversée sur l’appréciation des paysages du Centre puis du Val de Loire ; une réflexion sur les modalités de la saisie des voyageurs du premier XIXe siècle des sites bâtis et des monuments ligériens à l’heure où l’archéologie monumentale se constitue entre approche méthodique et quête du pittoresque. Au final, un voyage dans les écrits qui ont fait de cet espace ligérien « une enclave pittoresque, un laboratoire du voyage dans le temps, l’antidote à l’ennui visuel »…

Référencé dans la conférence : Voyages et voyageurs au centre de la France.
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