"Balzac et le patrimoine intime tourangeau"

Conférencier / conférencière

Dans le Lys dans la Vallée, Balzac décrit la Touraine, son pays natal, comme « un réservoir de sensations, de plaisirs infinis liés à toutes les étapes de la vie. » « J’aime la Touraine comme un artiste aime l’art. Sans la Touraine peut-être ne vivrais-je plus », fait dire le romancier à son personnage qui évoque « les plaisirs indicibles de l’enfance qui laissent de profondes traces au cœur. » Félix-Amédée de Vandenesse revient avec nostalgie sur les lieux de l’enfance, en particulier, les trois plus précieux, la maison, la rivière et la vallée, par « une plongée nouvelle dans les sensations primitives. » Une plongée qui est aussi celle de Balzac lui-même. Mme Gleya Maâtallah invite à les accompagner « dans cette reconstitution de soi ». En plus de sa liberté, Félix-Amédée retrouve sa sensibilité de poète et son éloquence de narrateur. « L’expérience du patrimoine ainsi vécue, la recherche de soi dans les sensations et le langage devient donc une modalité de la production littéraire, de la création dans sa forme la plus poétisée. » Le voyage entrepris par le personnage s’inscrit aussi dans la réalité de la région et l’histoire de la France. Comme beaucoup d’autres, après avoir « sucé le lait » de la Révolution, le jeune homme revient dans sa région renouer avec l’apaisement. Et, là, il suit les instructions de Mme de Mortsauf pour devenir le secrétaire du Roi. Son voyage l’inscrit donc dans le sens de l’Histoire. Mme Gleya Maâtallah revient sur les particularités de ce patrimoine intime tourangeau par trois idées majeures : la double topographie poétisée, l’itinéraire heureux ses haltes d’extase et de communion, et la modalité de l’écriture romanesque. Le promeneur solitaire se consume d’un amour absolu et inatteignable et avance, soumis par « le despotisme du cœur et le bonheur végétal », dans « l’indéfinissable épanouissement » d’une vallée de l’Indre idéalisée, à l’image d’un corps de femme. « Plus qu’une topographie réelle, la vallée est plus dans le roman balzacien un motif littéraire et artistique. (…) La marche s’enrichit donc de toute une poésie des sens au milieu d’une nature érotisée sur laquelle est projeté le mouvement du corps désirant. » Sans se soucier d’une quelconque fidélité au réel, Balzac par sa verve et sa rhétorique donne à « cette quête des sensations une tonalité rousseauiste ». « Le séjour développe chez le voyageur balzacien, plus qu’une sensibilité poétique, une vision romantique de l’expérience du paysage tourangeau. » 

Référencé dans la conférence : Voyages et voyageurs au centre de la France.
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