La littérature de circumnavigation : des Grandes Découvertes à la fin du XVIIIe siècle

Conférencier / conférencière

Michel Bideaux étudie les circumnavigations qui ont précédé Bougainville, avant que le canal de Suez et celui de Panama ne permettent d'éviter de faire le tour de l'Afrique du Sud. Magellan, capitaine portugais au service du roi d'Espagne, veut découvrir une autre route que celle qui fut ouverte par ses compatriotes. Deux relations narrent cet épisode conflictuel, celle de Pigafetta et celle de Transilvano. Alors que Pigafetta tend à réduire les conflits, Transilvano prend le parti des mutins espagnols contre Magellan. Lorsque Magellan trouve la route, il l'appelle Détroit « Patagonico » en hommage aux habitants Patagons, ou « Détroit de Tous les Saints » dans la mesure où il s'y est engagé à la Toussaint, ou encore « Détroit appelé le cap des 11 000 Vierges ». Mais très vite elle devient le "Détroit de Magellan" comme le signale une carte de 1533 déjà. La mer « pacifique », elle, doit son nom à la tranquillité de la traversée. Michel Bideaux évoque alors tour à tour les autres grandes traversées, celle de Francis Drake, de Van Noort, de Lemaire et Schouten, « inventeurs » du détroit concurrent, le Cap Horn, ainsi que les débats portant sur la valeur comparée des deux passages. En 1701, par exemple, Beauchesne passe par le Cap Horn et déconseille le détroit de Magellan. Le Cap Horn devient la route la plus commode, mais le détroit, s'il est redoutable en hiver, est un port naturel contenant autant de refuges favorisant les étapes lors de la traversée. John Byron relance le débat en reprenant la route de Magellan en 1764, et Wallis prendra la même route. En 1767, avant même son départ, Bougainville pense prendre également le détroit car La Boudeuse ne résisterait pas aux vents du Cap Horn et cette route permet les ravitaillements aisés. Cook choisira néanmoins le Cap Horn et imposera cette voie définitivement. C'est en fait la clé de la Mer du Sud qui est en jeu. Michel Bideaux propose pour finir quelques « images du bout du monde » en montrant qu'elles passent par une série de toponymes fondés sur les noms des saints, des souverains et des navigateurs, ainsi que sur des anecdotes motivées par des circonstances précises : Port Famine, la Rivière du Massacre, le Cap désiré, Terres de Feu, etc. Il finit en évoquant la légende des géants Patagons : dès la fin du XVIe siècle l'on sait que cette ethnie n'est pas composée de géants, mais la science doit compter avec l'imaginaire. Il s'interroge en conclusion sur la raison d'une telle mythification et d'un si faible intérêt pour ces nomades considérés simplement comme des curiosités sans utilité immédiate pour l'hébergement et le ravitaillement. Une discussion s'ébauche sur les problèmes théologiques et philosophiques que cette interrogation suppose, et sur la bipolarisation ethnique (édenisation/diabolisation) inhérente à l'archétype du récit de voyage....

Mots-clés : circumnavigation. découverte. don du nom. Indiens. anthropologie.

Référencé dans la conférence : La littérature des voyages maritimes
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