Le monde souterrain dans la littérature française du XVIIIe siècle, ou le monde au centre de la terre tel qu'il fut imaginé et décrit sous les Lumières. Un siècle avant Jules Verne, quelques auteurs s'évertuèrent à faire descendre l'homme au centre de la terre ; mais les mondes décrits alors s'avérèrent des moins orthodoxes, autant au regard de l'esprit rationaliste de l'époque que des représentations traditionnelles : les incontournables enfer, purgatoire et paradis de la littérature antique laissaient en effet désormais la place à un monde où le soleil ne se couche jamais, peuplé d'êtres humains aussi bien que de créatures imaginaires ; un monde détenant la clef de mystères ancestraux comme la quadrature du cercle ou la pierre philosophale, étant en quelque sorte le berceau de la sagesse suprême. A l'époque, on ne sut évoquer que la fantaisie pure pour expliquer l'origine de ces œuvres pour le moins déconcertantes, et aujourd'hui encore, on ne leur prête guère d'intérêt ni de valeur littéraire. Pourtant, les intentions que mirent Holberg, Casanova, Mouhy ou encore Tyssot de Patot derrière ce monde souterrain, ne sont à bien des égards nullement en désaccord avec l'esprit éclairé des Lumières. Le voyage au centre de la terre tel qu'ils le conçurent est en effet l'expression d'un voyage en soi, un voyage aux origines de l'homme et de la pensée. Une telle métaphore implique nécessairement le recours à des domaines plus abstraits que la littérature ; c'est en effet à partir de références religieuses, mythologiques ou encore maçonniques, que le sens de ces œuvres se dévoile. Telle est en tout cas la démarche de cette étude, dans le but de montrer que ces œuvres ne relèvent pas de la « fantaisie pure », et que leur valeur est bien réelle.
Référencé dans la conférence : IMAGO MUNDI (III)
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