Le statut des herbes et des épices dans quelques relations françaises aux Indes orientales du début du XVIIe siècle

Conférencier / conférencière

Dans le cadre de ma thèse sur le genre de la pérégrination française au début du XVIIe siècle, mon propos est d'analyser ici la place occupée par la botanique dans les représentations des Indes orientales. Il s'agit de voir comment les herbes et les plantes se situent au cœur de deux problématiques centrales dans la perception des Indiens, à savoir d'une part un axe épistémologique, concernant le savoir des Indiens sur les plantes (usages médicaux et pharmacopée), et d'autre part un axe anthropologique, concernant l'image donnée des Indiens via les plantes (par exemple, les aphrodisiaques et poisons comme vecteurs de stéréotypes culturels sur la luxure ou la mort). Ces deux axes en cachent un troisième, essentiel parce qu'il s'agit de la motivation qui est à l'origine de ces voyages : l'intérêt économique pour les épices, son commerce et ses marchés, qui constitue en effet le fondement des récits, par lesquels les voyageurs français vont tenter de convaincre le public et le pouvoir de la nécessité d'une implication française dans l'océan Indien. Cependant, les occurrences des plantes ne s'y limitent pas à un simple relevé dépendant d'une visée commerciale, puisque cette fascination pour la botanique engage plus généralement les relations entre Européens et Indiens, qui sont ainsi perçues à travers le prisme végétal. Ces trois axes constitueront les trois moments de mon intervention, qui me permettra, à travers une typologie, de dégager la diversité et les fonctions des nombreuses mentions des plantes, herbes et épices, lesquelles fonctionnent comme un stimulant narratif aux récits de voyages aux Indes Orientales. Outre les récits eux-mêmes, mon corpus d'analyse fera appel aux relations étrangères qui eurent un rôle important dans la constitution de cet imaginaire végétal (entre autres les voyages de Varthema, Van Linschoten, Balbi) ainsi qu'aux ouvrages plus scientifiques qui tentèrent de tenir compte de la nouveauté des espèces orientales (comme la traduction du Coloquios dos simples e drogas da india de Garcia da Orta par l'apothicaire Anthoine Colin en 1619).

Corpus
Pyrard de Laval,  François,  Voyage de Pyrard de Laval aux Indes orientales (1601-1611), éd. Xavier de Castro et Geneviève Bouchon, Paris, Editions Chandeigne, 1998.
Martin de Vitré, François,  in Voyage de Pyrard, op. cit.
Mocquet, Jean, Voyage à Mozambique et Goa, La relation de Jean Mocquet (1607-1610), éd. Dejanirah de Couto, Editions Chandeigne, 1996.
Beaulieu, Augustin de, Mémoire d'un voyage aux Indes Orientales, (1619-1622), éd. Denys Lombard, Editions Maisonneuve et Larose, 1996.
Le Blanc, Vincent, Les Voyages fameux du sieur Vincent Le Blanc, marseillois, qu'il a faits depuis l'âge de douze ans jusques à soixante, aux quatre parties du Monde, Paris, Gervais Clousier,1648.

Référencé dans la conférence : IMAGO MUNDI (III)
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