Le voyage en Méditerranée musulmane. Essai de typologie chronologique.

Conférencier / conférencière

Aux alentours du Xe millénaire, des populations de Syro-Mésopotamie, en maîtrisant la culture et l'élevage, en subvenant ainsi à leurs besoins et en s'organisant en communautés, réussirent la plus importante révolution humaine, la révolution néolithique qui permit à l'humanité de s'imposer aux forces de la nature. Or, ce fut l'ébranlement de ces populations, d'abord en Asie mineure et à Chypre, puis en Grèce et Italie, et, de là sur toute l'Europe, qui donna naissance à l'aventure humaine la plus importante : le voyage en Méditerranée fut donc à l'origine de la civilisation occidentale.
Ainsi, les Grecs s'illustrèrent dans la lutte contre les Perses et les Mèdes, et Marathon est encore connue de tous. La pax romana fut surtout perçue comme la fin des dangers et la tranquillité retrouvée aux frontières. Pendant des siècles, l'Orient fut perçu comme un ailleurs dangereux qui vomissait des hordes envahissantes, troublant la paix et l'essor économique qui lui était lié. Ainsi, dès le renouveau de l'Occident, le premier type de voyage en Méditerranée fut le voyage de commerce. Ce fut aussi leur description qui appâta les puissants et les aventuriers. L'Orient fut, au XIe siècle, ce que les Indes furent au XVIe siècle et l'Amérique au XIXe. Dans cet ébranlement de l'Occident vers l'Orient, les Byzantins furent perçus, par l'expansionnisme latin, comme des gêneurs, et donc comme des compétiteurs à supprimer. La Reconquête latine des territoires musulmans portait ainsi en germe l'explosion de l'unité du monde chrétien.
Ce bouleversement des équilibres géopolitiques en Méditerranée eut pour conséquence un nouveau regard porté sur ce carrefour entre Europe, Afrique et Asie. Alors qu'il avait déjà entamé son reflux face à la contre-offensive musulmane, ce fut de Palerme ou de Famagouste que l'Occident latin apprit à connaître, et l'Islam, et l'Orient. Le voyage de commerce, origine lointaine du conflit croisé, en devenait ainsi le corollaire.
Durant les XVIe et XVIIe siècles, on vit alors paraître des récits de voyage en Levant, à Constantinople, en Afrique ou en Barbarie, toujours effectués par ordre du roi de France ou du Sénat de Venise. Citons les relations de L'Escalopier en 1574, Pierre Belon en 1588, Savary de Brèves, de Paul Lucas ou du Vénitien Salvago.

Référencé dans la conférence : IMAGO MUNDI (II), Lettres et images d'ailleurs
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