La géologie est l’étude du relief terrestre. Le terme apparaît seulement en 1751 dans l’_Encyclopédie_ et le premier titre de voyage en comportant la forme adjectivée paraît en 1803. Il faut distinguer le « voyage géologique » du voyage curieux, traditionnel au 18e siècle, qui se prétend universel et traitant de tout ce qui est remarquable par le voyageur. Il s’agit aussi d’un voyage où la description physique est essentielle, alors que le voyage botanique, par exemple, peut se limiter à une collection de notices de plantes. Le règne minéral est un champ de bataille au 18e siècle entre les neptunistes tenant de la théorie des origines diluviennes de la terre et les plutonistes tenant des origines volcaniques de celle-là. D’autre part, le voyage géologique est souvent un voyage minéralogique en quête d’informations techniques sur l’exploitation minière et sur les ressources naturelles à traiter industriellement. C’est l’essentiel des voyages pendant la première période, avec un intérêt particulier pour l’Europe central (Saxe et Bohème) où se développe l’industrie minière. En France, Jean Etienne Guettard, académicien des sciences, est le premier grand géologue. Ses voyages, restés manuscrits, en Normandie et dans le Perche (1743) sont suivis d’un voyage en Auvergne (1751) qu’il fait en compagnie d’un autre passionné, Malesherbes. Les voyageurs italiens vont volontiers en Saxe à Freiberg pour s’informer des pratiques industrielles. Antoine Jars, autre académicien, fera des inspections minéralogiques en Saxe, Silésie, Ecosse, etc. et laissera de nombreux manuscrits. Ses _Voyages métallurgiques _ sont publiés en 1774. Inspecteur général des Mines, Antoine Monnet se spécialise dans les voyages en France (Vosges, Auvergne) ; il publie sous forme de voyage l’_Atlas minéralogique de la France _ (1780). Ses nombreux manuscrits se trouvent à l’Ecole des Mines de Paris. À la suite de ces précurseurs, on voit apparaître des personnages plus importants : H. B. de Saussure, genevois, le « découvreur » du Mont-Blanc dont l’œuvre est encore aujourd’hui en grande partie inédite à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève. Il fait plus de soixante voyages dans le cadre alpin et publie en 4 volumes à partir de 1779 son _ Voyage dans les Alpes. À l’autre extrémité de l’Europe, le Prussien Peter Simon Pallas, secrétaire de Catherine II, entreprend de longs voyages en Russie orientale, au-delà de l’Oural (1768-1774) et publie dans sa langue maternelle ses voyages traduits en français (1788, 6 volumes et un atlas). Son voyage en Crimée (1793-1794) sera traduit en français en 1811. Mais, en France, c’est Faujas de Saint-Fond qui est le père de la vulcanologie ; il voyage en Auvergne, mais aussi en Grande-Bretagne et en Ecosse (1784). Il fut le premier professeur de géologie du Muséum. En 1797, la publication de son voyage en Ecosse révèle un esprit nourri des mythes celtiques et d’Ossian. Ignaz von Born est autrichien, franc-maçon et esprit indépendant ; il écrit contre les moines sous Joseph II. Mais il est aussi responsable des mines dans l’Empire, il voyage en Hongrie et en Transylvanie. Publié en allemand en 1774, son _Voyage minéralogique _ le sera en français en 1780. Johann Jakob Ferber, suédois, est au service de différents gouvernements européens pour lesquels il enquête dans le domaine de la minéralogie : Bohème, Grande-Bretagne, Courlande, Pologne, Franche-Comté, etc.. Ses _Briefe _ sur l’Italie publiées en allemand (1773) seront traduites en français par le futur maire de Strasbourg, féru de géologie, Philippe Frédéric de Dietrich. Moins important sans doute, Cosimo Collini, ancien secrétaire de Voltaire en Prusse et à Genève, se met ensuite au service de l’Electeur palatin ; ses voyages publiés en français (1776) s’intéresse en particulier aux pierres précieuses. Quant à Déodat de Dolomieu, c’est le plus notable des géologues de la fin du siècle. Uniquement géologue et non pas minéralogiste, ce chevalier de Malte publie en 1783 son _ Voyage aux îles Lipari . Rallié à la Révolution en 1791, il enseigne la minéralogie et participe à l’expédition d’Egypte. Fait prisonnier au retour, ce renégat de l’Ordre de Malte meurt en 1801, non sans avoir fait et publié un dernier voyage à travers les Alpes. On sait peut de chose sur Esprit de Sivry, un Lorrain qui fit un voyage minéralogique dans les Vosges et sur Grégoire Razumovski, établi à Lausanne dont le voyage dans le Valais mérite d’être signalé. Il faut conclure avec le grand rival des « alpinistes », Louis-Frédéric Ramond de Carbonnières, ami de Dietrich et le « père » du « pyrénéisme », une secte encore vivante. Ses _ Observations faites dans les Pyrénées _ (1789) incitèrent d’autres voyageurs - François Pasumot, etc .- à l’enquête minéralogique. Ces récits perdus dans la masse des relations de voyage du 18e siècle mériteraient une synthèse qui en montrerait le sens.
Mots-clés : mines. industrie. géologie. théorie de la terre.