PUBLICATION: Le Voyage en Égypte (retirage "Bouquins")

Sarga Moussa

avec la coll. de Kaja Antonowicz

 

Le Voyage en Égypte.

De Bonaparte à l’occupation anglaise

 

 

Le xixe siècle, à la suite de l’expédition de Bonaparte, « invente » le voyage en Égypte, qui comporte en général la visite d’Alexandrie, du Caire et du site de Guizeh, puis la remontée du Nil jusqu’en Nubie. S’ajoutent parfois à cet itinéraire classique des excursions dans le désert (au Sinaï, au bord de la mer Rouge, ou encore dans les oasis), puis, dans la seconde moitié du siècle, à Port-Saïd, Ismaïlia et Suez.

C’est d’abord la richesse de l’histoire de l’Égypte qui séduit ses visiteurs. Si la capitale révèle, notamment à travers ses mosquées, le triomphe de la civilisation islamique, le voyage en Haute-Égypte est l’occasion d’une remontée dans le temps : la découverte des temples pharaoniques disposés le long d’un fleuve mythique constitue en général un éblouissement. Depuis le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, cette Égypte antique est comme un grand livre dont les caractères étrangers deviennent peu à peu lisibles. Mais elle conserve toujours une part de mystère, ne fût-ce que parce que de nombreux monuments sont encore partiellement enfouis sous les sables. Quant à l’Égypte moderne, elle offre d’autres attraits : une population très diverse, où les minorités ethniques et religieuses sont souvent reconnaissables à leurs costumes bariolés ; une ville aux ressources infinies comme Le Caire, dont les ruelles font découvrir bains, bazars, cafés, etc. ; une nature enchanteresse, du moins dans le Delta et au bord du Nil, dont les paysages campagnards inspirent nombre d’artistes ; enfin un exotisme teinté d’érotisme, comme lorsque les voyageurs assistent aux danses lascives des almées.

L’Égypte, véritable palimpseste culturel, exerce ainsi, depuis l’époque romantique, une fascination durable sur les écrivains, journalistes, peintres, archéologues, orientalistes, etc. Certains font ici l’objet d’une redécouverte. D’autres sont plus connus, mais se trouvent regroupés ensemble pour la première fois, – on pourra ainsi comparer un même trajet décrit par Flaubert et par Du Camp. On trouvera aussi, dans cette anthologie, des figures atypiques et attachantes, comme les saint-simoniens qui ont séjourné plusieurs années dans le pays, au service du vice-roi Méhémet-Ali. Parmi ce corpus d’une soixantaine d’auteurs, on notera la présence de 13 femmes, dont certaines portent en général un regard critique sur les harems qu’elles visitent. Elles contribuent d’ailleurs aux grands débats idéologiques qui s’expriment à travers les récits de voyage, par exemple sur la question de l’esclavage.

On s’apercevra enfin qu’outre les Français, l’Égypte a attiré de nombreux voyageurs européens, notamment anglais et allemands. Ils représentent un tiers du corpus de cette anthologie, et constitueront une découverte pour la plupart des lecteurs francophones.

 

Né à Genève en 1960, Sarga Moussa est spécialiste de l’orientalisme littéraire et du récit de voyage au xixe siècle. Directeur de recherche au CNRS, il a publié La Relation orientale (Klincksieck, 1995) et a réédité le Voyage en Orient de Lamartine (Champion, 2000) ; il a également coordonné le dossier « Égypte » du n° 120 de la revue Romantisme (2etrim. 2003). Kaja Antonowicz est germaniste et traductrice.

 

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