La figure du volcan, liée à la fois au feu, à la terre et au ciel, trois des quatre éléments propose l'un des ancrages les plus forts de l'imaginaire, qui interprète symboliquement l'expressivité des éléments naturels. Poètes et romanciers en ont usé à des fins diverses. Ils y ont dépeint l'événement catastrophique et grandiose de l'éruption, l'interprétation mythologique des tremblements de terre qui lui sont corrélés avec le Tartare placé sous l'Etna (Ovide), on a vu en lui le sculpteur magicien qui permet à des formes féminines de perdurer par-delà le temps, ou l'entrée vernienne pour accéder au centre de la Terre, les métaphores de la dissolution/régénérescence, ou encore le moyen de faire disparaître ce qui, comme le Nautilus, n'avait existé que le temps d'une saga romanesque.
Dans Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry utilise deux volcans mexicains : le Popocatepetl, qui en langue aztèque signifie "montagne de fumée" et l'Ixtaccihuatl qui est, selon une légende indienne "la femme endormie" que le Popocatepetl, guerrier rêveur veille. Cette utilisation de la figure des volcans est massive, puisqu'on en relève soixante deux occurrences, selon diverses modalités d'apparition. Cette présence est rarement liée au simple pittoresque d'une description typique du paysage mexicain. Elle n'est pas non plus le lieu et le moyen d'une plate allégorie de la rencontre possible pour les montagnes anthropomorphisées, impossible pour les deux êtres humains entre le Consul et Yvonne sa femme dont il a divorcé et qui revient, un an jour pour jour après son départ, le retrouver, le jour de la fête des morts.
En fait la présence des volcans rythme et colore le trajet de cette journée fatale une vie en liaison floue entre un itinéraire externe depuis la maison du Consul jusqu'au "farolito" de Pariàn, et le cheminement subjectif de cet ivrogne "extraordinaire" (C. Rosset). La présence des volcans, sous ce nom générique, sous leurs noms connus ou sous leurs diminutifs, est liée à des regards, des visions. Ils renvoient à des images, des émotions, différentes selon celui qui, dans le texte, regarde et voit. Ils entrent en relation avec d'autres motifs : le rocher fendu "la despelida", le jardin d'Eden, Dante, l'Atlantide, l'aigle, et "Les mains d'Orlac". Cette harmonisation de motifs, où les volcans jouent le rôle de la basse continue, est orchestrée par le personnage du Consul et donne un sens symbolique à sa marche fatidique, comme à celle d'Yvonne, laquelle est, de plus, associée au monde céleste, étoiles et constellations.
Histoire d'amour impossible, d'ivresse comme moyen d'une lucidité, dans un univers du chaos tellurique, Au-dessous du volcan utilise tous les aspects de la figure du volcan pour atteindre par leur présence massive et l'utilisation diversifiée qui en est faite à une sorte de stratification symbolique qui part du pittoresque pour atteindre à la résurgence et à la rénovation des strates mythiques, tout en touchant par là curieusement à "la proximité du réel" dont parle Rosset.
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