Deux mois en Andalousie et à Madrid

«O féerique et éblouissant spectacle! Le voyageur, fatigué, las des teintes grises du Nord, de nos tièdes, calmes, reposantes de Paris, se trouve, dès qu’il sort de la gare de Séville, transporté comme par miracle en plein pays des Mille et une Nuits! Ici, sous un soleil d’Afrique, ce ne sont que plantes exotiques, aloès, cactus, orangers, dattiers, palmiers; [...] de véritables palais, aux murs blanchis à la chaux ou peints en rose, en gris, en bleu, en vert pâle, en jaune, avec des fenêtres étroites garnies de barreaux de fer ou ornées de balcons en saillie larges et grillés de fer, où les femmes viennent respirer le soir un peu d’air frais et fumer des cigarettes en contemplant les étoiles, avec leurs larges et immenses portes en bois épais garnies de gros clous de fer ou de cuivre ciselis, chef-d’œuvre d’art dans leur genre avec leurs patois mauresques, où au milieu d’un parterre de fleurs et de plantes chantent des oiseaux et murmure tendrement un jet d’eau limpide dans un bassin de marbre»(30).
«Espacer les travailleuses, les mieux surveiller, améliorer l’aération des salles, veiller à leur propreté scrupuleuse, est la première des reformes à apporter à la fabrique des tabacs de Séville. Quant à changer les mœurs de ces ouvrières, à les moraliser, c’est evidemment à tenter, mais transformer les habitudes des Espagnoles est une tentative au-dessus, je le crois, des forces humaines»(44).