Expédition au pôle austral et dans l'Océanie des corvettes de Sa Majesté «L'Astrolabe» et «La Zélée» sous le commandement de M. Dumont d'Urville, Capitaine de vaisseau. Rapports adressés à M. le Ministre de la marine, depuis le commencement de la campagne

«Malgré la nature essentiellement scientifique de notre campagne, il me fut agréable, amiral, d'avoir pu remplir, en cette circonstance, la partie de vos instructions où vous me recommandez la protection et les intérêts de notre commerce, toutes les fois que l'occasion s'en présenterait. [...] En outre, les pénibles reconnaissances, les nombreux plans de ports qui seront éxécutés dans cette campagne, les précieux renseignements que nous fournirons, offriront de nouvelles ressources aux navires de notre nation, que différents genres de spéculation appellent déjà à parcourir l'Océanie, à l'exemple des Anglais et des Américains. Ainsi les personnes qui ne veulent absolument considérer que le côté positif des dépenses de la marine seront obligées de reconnaître que celles de notre mission, d'ailleurs si modiques, ont encore un but réel et immédiat d'utilité publique»(62).
«Sans doute, monsieur le ministre, vous admirerez comme je le fais moi-même, dans chacune de nos relâches, la bienveillance soutenue, les prévenances, les généreux procédés que nous témoignent les autorités hollandaises dans tous les lieux où nous nous présentons; [...] Je le dois à l'avantage de pouvoir mettre sous leurs yeux les magnifiques atlas de la dernière expédition de l'Astrolabe. La vue de ces grands travaux, publiés d'une manière si splendide, excite sans cesse leur admiration. Tous sont obligés de convenir que la nation capable de produire d'aussi beaux monuments et de les livrer franchement au public, sans arrière-pensée de mystère ou d'intérêt privé, est une nation vraiment grande et libérale. [...] De là pour eux cette lutte de prévenances en notre faveur, cet heureux empressement à nous procurer les moyens de succès que nous pouvons souhaiter; en un mot, cet honorable désir de coopérer, autant que leur position le permet, à une entreprise consacrée au bien général de l'humanité, aux progrès communs de toutes les connaissances, bien plutôt qu'à aucune considération de politique ou d'intérêt national»(75-76).