Retour d'un voyage en Orient par Malte, la Sicile et l'Italie, juillet-octobre 1836

«Adieu Orient! Adieu la Turquie, l'Egypte, l'Arabie, la Palestine et la Grèce! Je laissais tout cela en laissant Patras. J'avais foulé le sol de ces contrées illustres; mais en pèlerin, en voyageur, en exilé volontaire, et le jour du retour était venu, comme dit Homère»(13-14).
«Je pouvais revenir directement de Malte en France; je cédai au désir de connaître la Sicile et l'Italie. J'avais déjà vu beaucoup de ruines, et je n'en étais pas rassasié. Je ne me laissais de considérer comment le temps renverse les ouvrages des hommes, comment il se rit du double effort de leurs mains et de leur génie! contemplation dangereuse, malgré sa grandeur, ou à cause de sa grandeur même! A force de se heurter aux ossements des villes, à force de marcher au milieu des cendres et des tombeaux, quelque chose aussi semble s'ébranler, s'affaisser, et périr en nous-mêmes; l'imagination, échauffée d'abord, et sur-excitée par des noms retentissants, par de glorieux souvenirs, fleurit, et puis se fane presque à la même heure; au-dessus de nos fronts s'amasse comme un nuage, une vague mélancholie, et nous tombons parfois dans la langueur et dans la tristesse: du haut des siècles évanouis une ombre funeste s'est projetée pour toujours sur la pensée!»(19-20).