Mathilde Mougin (CIELAM) « Les scènes de sérail narratives des récits de Bernier et Tavernier : d’une esthétique de la turquerie à une machine à penser politique »

Mathilde Mougin (CIELAM) : « Les scènes de sérail narratives des récits de Bernier et Tavernier : une esthétique de la turquerie »

 

Résumé : La multiplication des relations de voyage en Orient (Postel, Nicolay, Thévenot, La Boullaye le Gouz, Bernier, Tavernier, etc.), les conférences du chevalier d’Arvieux à Saint-Germain sur son séjour en Orient et la circulation des objets et denrées orientales issus du commerce de la Compagnie du Levant contribuent à former un goût pour cette contrée dans la France du XVIIe siècle. La production dramatique contemporaine semble symptomatique de cet engouement, la scène française assistant au florissement d’une mode pour les « turqueries », une dizaine de pièces paraissant entre 1621 et 1656 dont l’intrigue se déroule invariablement dans un sérail, souvent au temps de Soliman le Magnifique. Il s’agira d’interroger non pas ces turqueries dramatiques, mais la manière dont François Bernier et Jean-Baptiste Tavernier semblent reproduire les codes de ce genre dans leur récit de voyage, publiés respectivement en 1671 et 1676, à l’endroit de véritables scènes de sérail qui empruntent également à l’esthétique de l’histoire tragique, alors populaire. Si les récits de voyage ont nourri les turqueries dramatiques de la première moitié du siècle, il semble que les voyageurs – et leur rédacteur – soient également nourris de ces fictions dramatiques et de l’exotisme oriental fantasmatique qu’elles véhiculent lors de la composition de leur relation de leur voyage.

Mots-clés :  voyage - Orient – turquerie – sérail

Présentation : Doctorante en littérature française, Mathilde Mougin travaille sur la représentation de l’expérience du corps – du voyageur et de l’Autre – dans plusieurs récits en langue française des XVI et XVIIe siècles issus de voyages effectués en Amérique du Nord (Lescarbot), du Sud (Léry), en Europe (Montaigne) et en Orient (Tavernier, Bernier, Challe, et de la Martinière). Ce travail de thèse, effectué sous la direction de Sylvie Requemora-Gros et d'Anne Carol, est intitulé : « De l'épreuve du corps à la découverte des corps humains dans la littérature viatique du XVIIe siècle ». Il vise à interroger l’anthropologie de l’époque, au sens de “discours sur l’homme”, dans une approche littéraire nourrie des apports de l’histoire et de la philosophie. Elle a notamment publié les articles suivants : « L'expérience de l'altérité dans le Journal de voyage de Montaigne : une entreprise d'exotisation du familier » (revue MaLIcE, 2018), « La sublimation du Nord-américain dans le récit de Marc Lescarbot (1609) : une stratégie esthétique de promotion de l’entreprise coloniale française » (Revue Vaggiatori, 2019),« L’expérience de la déshonnêteté dans le Journal de voyage de Robert Challe (1721) : une mise à l’épreuve libertine de l’honnêteté ? » (Actes du 48e congrès de la NASSCFL, 2020).

Référencé dans la conférence : Géographies du voyage : du réel à l'imaginaire
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