Le New Journalism et le récit de voyage britannique contemporain

Conférencier / conférencière

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Résumé

L’intervention de Jan Borm continue le tour des horizons des traditions étrangères du reportage entamé au second semestre avec Gérard Collomb, qui aborda la tradition allemande des années 1930 à travers Egon Erwin Kisch, et Margot Carlier qui nous entretint de la tradition polonaise. Sa présentation porte sur les rapports entre le « New Journalism » qui vit le jour aux Etats-Unis dans les années 1960 et le « Travel Writing » d’inspiration britannique auquel il a consacré sa recherche doctorale. Elle s’inscrivait dans le prolongement d’Abroad, l’étude de Paul Fussel sur le récit de voyage britannique de l’entre-deux-guerres, en montrant le renouveau du genre dans les années 1980. Après avoir dressé ce cadre historique, il s’intéresse à l’effort de théorisation du genre effectué par l’un de ses fondateurs Tom Wolfe. Ce type de journalisme qui se définit comme « accurate non fiction » emprunte justement de nombreuses techniques à la fiction elle-même. Le texte référentiel est composé à partir d’une succession de situations et de scènes, leurs acteurs y sont traités comme de véritables personnages, dont le journaliste va parfois jusqu’à esquisser les pensées par le biais d’un monologue intérieur.
Chatwin lorsqu’il publia Le Chant des pistes, la synthèse de plusieurs de ses voyages en Australie, reprit ces procédés mais désigna son livre comme un roman, conformément à la distinction très précise et quasi juridique qui prévaut au Royaume-Uni.
D’autres traits comme la voix narratrice à la troisième personne du singulier et l’importance donnée aux détails sont rappelés qui évoquent l’héritage des modèles réalistes et naturalistes du XIXe siècle, tandis qu’interviennent aussi des références intertextuelles au XVIIIe siècle, le grand siècle de l’écriture du voyage.
L’analyse de deux articles récents parus dans les journaux britanniques et allemands du Sunday Times et du Welt lui permet d’illustrer ces remarques et l’ambition de ces textes qui pour être de divertissement n’en sont pas moins également de réflexion. Ils sont l’occasion de revenir sur le débat entre les conceptions de l’homme par Hobbes et Rousseau, de discuter l’interprétation de l’œuvre de Darwin et d’aborder le mythe des géants patagons.
Jan Borm reprend ensuite le fil du débat théorique en citant deux textes de David Lodge et de Charles Forsdick sur la nature du récit de voyage. Le reportage cumulerait trois dimensions : le rapport des faits, la rêverie d’ordre culturel et philosophique et la part autobiographique, retrouvant là l’adage ancien de l’utilité et du divertissement. C’est sans doute dans cette référence aux modèles originels de la poétique que s’impose le mieux la littérarité du reportage.

Référencé dans la conférence : Journalisme et relation de voyage au tournant des XIXe et XXe siècles
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