L’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil (1578) de Jean de Léry marque le point de départ d’un faisceau de représentations, de textes en textes, de siècles en siècles, modulés par les divers voyageurs européens partis au Brésil de la Renaissance à nos jours.
Ce pays a toujours fasciné les voyageurs par son climat aimable, sa nature sauvage et exotique ainsi que par ses habitants qui paraissaient si insolites et si peu compréhensibles aux Européens de la Renaissance. Mais le récit viatique ne se limite pas à une description du pays ou à un répertoire d’impressions de l’auteur, il peut aussi devenir un instrument polémique contre les ennemis politiques. Ainsi, Lou-Andréa Piana dans son article « Roland le furieux » : Portraits de Villegagnon dans L’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil de Jean de Léry analyse la figure ambivalente, tragique et ridicule, de Nicolas Villegagnon sous le prisme des guerres civiles en France.
Genre hybride par excellence, le récit viatique est tissé de plusieurs éléments génériques : littéraires, géographiques, historiques. Ces éléments génériques peuvent à leur tour être influencés par des facteurs éditoriaux. Viktoria Kokonova montre notamment comment ces facteurs éditoriaux d’un côté et les exigences formelles du genre viatique de l’autre contribuent à la complexité de la figure du voyageur dans l’article Les facettes des voyageurs au Brésil au XVI-XVIIe siècles : d’une personne réelle à un héros fictionnel.
Avec le passage du temps, le récit viatique ne perd pas de son utilité et reste une précieuse source d’informations sur la vie quotidienne d’une époque précise. En outre, le regard sur un pays étranger est une source de réflexion sur soi et sur la place de l’homme dans l’univers chaotique et instable comme le montre Samara Geske dans Le regard de l'étranger : le Brésil vu à travers le Journal de voyage d'Albert Camus.
Ont participé à ce numéro :
- Lou-Andréa PIANA
- Samara GESKE
- Viktoria KOKONOVA