PROFILI E PAESAGGI DELLA SARDEGNA

PROFILI E PAESAGGI DELLA SARDEGNA
Une œuvre a redécouvrir

 

En 1869 Paolo Mantegazza, député de la jeune République Italienne, qui avait alors comme capitale Florence, visite la Sardaigne en tant que membre de la Commission parlementaire d’enquête.

La Commission était composée de plusieurs membres du Gouvernement, savants et spécialistes de disciplines différentes, et présidée par Agostino Depretis, futur président du Conseil. L’objectif de la visite en Sardaigne était celui de dresser un portrait de la situation locale sous des facettes multiples : politique et sociale, afin de rédiger un état des lieux sur les ressources de l’île. D’un point de vue nationale, la mission était celle de mieux faire connaître la Sardaigne aux autres Italiens et s’inscrivait dans cette stratégie politique de l’Italie naissante qui souhaitait renforcer l’unification à travers l’étude des différentes régions et la publication des états de lieu respectifs afin de faire mieux connaître les Italiens les uns les autres, en créant des liens par une connaissance mutuelle et réciproque, en les rapprochant par le biais du savoir. Toutefois, la relation finale de l’enquête ne fut jamais éditée. Seul document publié de cette ‘expédition’ fut le livre Profili e paesaggi della Sardegna écrit par Paolo Mantegazza et publié immédiatement après le voyage sur l’île.

Pendant le séjour en Sardaigne avec la Commission parlementaire d’enquête Paolo Mantegazza rédigea donc lui-même un rapport ou, pour être précis, une série de petits rapports destinés dans un premier temps à une publication en épisodes sur la presse. Le choix qu’il fit, le destin qu’il réserva à cette série d’articles, de portraits, fut un autre, comme il l’explique lui-même dans la préface de son Profili e paesaggi della Sardegna :

Questo scrittarello tirato giù alla buona, più col cuore che colla squadra, era destinato ad uscire modestamente in qualche rivista, ma in questi nostri tempi anche le riviste hanno i loro regolamenti, le loro frontiere, le loro dogane; e il mio lavoro, già piccino per sé, fece il caparbio e il superbuzzo, né volle rassegnarsi a comparir pei giornali tagliato a fette, né ci son riuscito a condurlo a più modesti consigli. Ecco perchè un libro, che non è un libro, vi compare impaginato, col suo frontispizio e il suo indice, col nome dell’editore nella prima pagina e colla triste parola fine nell’ultima[1].

 Il ne s’agit ainsi pas proprement d’un livre.

Paolo Mantegazza décida en effet de réunir ses différents portraits de la Sardaigne en un ‘livre’ auquel il confiait un objectif précis :

[…] devo confessare che ho scritto questo libro non libro per amor mio, per pagare almeno in parte u debito di riconoscenza verso i Sardi così cortesi, così ospitali, così delicatamente generosi. Mi parve che a saldare il conto non dovesse bastare quel po’ di lavoro utile che potrò fare in Palazzo Vecchio come membro della Commissione d’inchiesta e come deputato. Mi parve che fosse mio dovere scrivere una parola calda d’affetto per la Sardegna, farla conoscere anche a quai molti italiani che non possono leggere e studiare le grandi opere che son privilegio delle biblioteche e dei pochi signori che comprano i libri grossi e costosi.

Profili e paesaggi della Sardegna fut publié pour la première fois en 1869. Nous ne connaissons pas exactement la portée du succès auprès du public, mais il est certain que livre ne fut pas réédité. Dès sa sortie il se présente comme un petit livre par son format in-16 et ses 132 pages. Ce fut seulement en 2004 que le Journal La Nuova Sardegna décida de rééditer cet ouvrage, pratiquement tel quel, accompagné par une petite présentation. Il faisait partie d’un projet de réédition d’ouvrages sur la Sardaigne.

L’intérêt que présente ce livre est certain, et il touche plusieurs domaines : botanique, zoologie, minéralogie, ethnologie, gastronomie, histoire, littérature, géographie, économie, politique, etc.

Le livre est un miroir des différents intérêts du savant et sa structure même en témoigne. En effet, ce dernier est divisé en chapitres comme suit :

Chapitre I : La Sardaigne veut être aimée.

  • Les villes de la Sardaigne. Cagliari.
  • Les jardins et un fou de San Bartolomeo.
  • Sassari et une leçon d’histoire.
  • Les grandes et les petites bourgades de la Sardaigne.
  • Les villages et les hameaux.

Chapitre II : La nature en Sardaigne.

  • Les bois d’orangers de Millis.
  • Landes et forêts.
  • Faune.
  • Les hommes de la Sardaigne.
  • Ethnographie sarde et types saillants (principaux).
  • Les femmes sardes.
  • Absence du prolétariat.
  • Caractère et costume des sardes.
  • Anecdotes de vengeances et d’amours.
  • Façons de se vêtir.
  • Hospitalité splendidissime des Sardes.
  • Repas et gastronomie.

Chapitre III : Les proverbes sardes.

  • Classement et statistique des proverbes.
  • Vertus, vices et us recherchés par cette voie.
  • L’agriculture, la médecine populaire et la météorologie des proverbes.
  • Course à travers les proverbes moraux, philosophiques et satiriques.

Chapitre IV : La poésie populaire en Sardaigne.

  • Le conseil municipal de Bortigiadas.
  • Les improvisateurs et leurs compétitions poétiques.
  • Poèmes amoureux.
  • Poètes sacrés, anciens et modernes.
  • Les mystères.
  • Poètes épiques et élégies.
  • Satires festives et amères.
  • Poèmes bernesques.
  • Poèmes sardolatins de l’abbé Madao.

Chapitre V : Les maladies de la Sardaigne.

  • La malaria et l’inertie.
  • Drainage et éducation.
  • L’Arcadie existe aussi en Sardaigne et plus que jamais.
  • Agriculture et vins.
  • Mont granatiques et baerracelli.
  • Faible population de l’île.
  • Qui doit sauver la Sardaigne.

L’ouvrage se termine par une sorte de note sur le cochon de lait des sardes.

Il est possible d’y retrouver des topoi de la littérature de voyage sur la Sardaigne comme par exemple l’île oubliée, l’hospitalité des habitants, le charme des femmes, la conservation de mœurs très anciennes, le côté exotique des costumes et des traditions, la beauté du paysage, etc. etc.

Ses descriptions de la flore et de la faune, ainsi que celles des paysages sont frappantes aussi bien pour le littéraire que pour le scientifique à causer de l’humanisation de la nature. La forêt y est décrite divisée de façon hiérarchique, comme étant une société à part entière avec ses classes sociales et avec une vie collective vivace.

Les poissons aussi sont humanisés à travers la narration de leur vie sociale et familiale.

Mantegazza n’échappe pas à l’une des grandes modes de l’ethnologie de son époque et décide de rapporter de la Sardaigne des crânes humains afin de les étudier pour analyser les « types ethnographiques » de la Sardaigne.

Alfredo Niceforo, auteur de La delinquenza in Sardegna[2], publié en 1897 fit à connaissance de l’œuvre de Mantegazza, mais son œuvre ne se situe point dans la même veine que celle de Paolo Mantegazza.

Dans les nombreuses études sur les voyages de Paolo Mantegazza cet ouvrage est rarement cité parmi ses récits de voyage, c’est pourtant à cette catégorie de ses ouvrage qu’il appartient à notre avis.

La production de Paolo Mantegazza fut étonnante soit en termes de quantité d’écrits que de variété de sujets traités. Vrai savant et homme de sciences il fut l’un des premiers divulgateurs du darwinisme en Italie et est aujourd’hui considéré de façon quasi unanime le fondateur de l’anthropologie italienne « nel bene e nel male[3] »

Cet ouvrage qui mérite sans doute d’être étudié davantage par les spécialistes de plusieurs disciplines a jusqu’à présent échappé à la réédition pour la réédition et s’inscrit dans un sérieux projet d’édition critique par l’éditeur Carlo Delfino.

Tania Manca

Article publié grâce aux subventions pour la recherche Master & Back

Notes de pied de page

  1. ^ Paolo Mantegazza, Profili e paesaggi della Sardegna, di Paolo Mantegazza, Milano, G. Brigola, 1869, Una parola al lettore, p. 9.
  2. ^ Alfredo Niceforo, La delinquenza in Sardegna, Palermo, Remo Sandron editore, 1897.
  3. ^ Sandra Puccini, I viaggi di Paolo Mantegazza. Tra divulgazione, letteratura e antropologia, in C. Chiarelli e  W. Pasini (a cura di), Paolo Mantegazza. Medico, antropologo, viaggiatore, Firenze University Press, 2002, p. 49-74, p. 49.

Référence électronique

Tania MANCA, « PROFILI E PAESAGGI DELLA SARDEGNA », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Novembre / Décembre 2010, mis en ligne le 09/08/2018, URL : https://www.crlv.org/articles/profili-e-paesaggi-della-sardegna