(de la Renaissance au Romantisme)
Civilisations et cités perdues dans la littérature des voyages (de la Renaissance au Romantisme)
La mémoire du monde est à éclipses. Les strates des civilisations se superposent comme autant de voiles posées sur le passé. Les cités sont envahies par les sables, ravagées par de sauvages équipées, submergées par les éléments en délire. Il n’en reste qu’un vague souvenir dans la mémoire humaine et dans les légendes pieuses qui en naissent : Atlantide, ville d’Ys, déluge universel, épopée de Gilgamesh, royaumes africains du Prêtre Jean ou de Monomotapa, Amazones ou Patagons d’Amérique du Sud, ce monde virtuel nourrit un imaginaire utopique d’où surgiront, parfois, d’autres civilisations, celles de l’écrit ou du Livre. Mais à côté de ces cités de nulle part et de ses contrées sans localisation propices à la rêverie humaine, de très réelles civilisations subsistent dans le linceul que leur a fourni la terre : elles n’ont pas la flamboyante présence des villes imaginées ; elles évoquent la mort, l’abandon, la fragilité des constructions humaines, mais elles n’en sont que plus désirables pour les esprits aventureux et les savants au pied léger. Les voyageurs vont ainsi à la rencontre de leur vraie patrie, celle de leurs lectures, de leurs rêves d’enfants, de leur thébaïde. De la Renaissance au Romantisme, de l’Italie à l’Égypte, de l’Océanie aux Indes d’Orient et d’Occident, le regard du voyageur reconstitue le seul monde qui, pour un instant, lui importe : celui de ses représentations imaginaires déposées dans la relation qu’il en laisse et qui fera éclore d’autres rêveries. 17 mai 2005 : [Examen]