Décrire le monde à l’âge de l’humanisme (XVe siècle, Italie-France-Allemagne)

Le monde des humanistes italiens des XIVe et XVe siècles connaît ce qu’il est devenu commun de qualifier de furor geographicus[1]. Il suffit de compulser le catalogue de l’exposition qui a eu lieu à Florence en 1992 pour prendre conscience de l’ampleur et de la richesse de l’intérêt pour la « géographie » mais aussi de la diversité des approches[2] : réception d’œuvres nouvelles telle la Géographie de Ptolémée et celle de Strabon et nouveaux modes de lecture d’ouvrages connus depuis longtemps (l’Histoire naturelle de Pline ou le De chorographia de Pomponius Mela) ; invention de genres nouveaux (notamment celui de l’insulaire mais aussi celui de la topographie historique) ; intérêt pour les découvertes géographiques qui transforment les représentations du monde et révèlent la diversité du genre humain. Ce furor geographicus dépasse largement les cercles des savants et se diffuse dans les milieux de gouvernement. Car la connaissance géographique a aussi une utilité sociale : dans la dialectique du savoir et du pouvoir, les humanistes offrent aux princes la culture de la distinction, grâce à laquelle les élites au pouvoir adoptent un mode de vie et d’action propre à leur rang, ce qui leur assure du prestige[3]. Et dans cette culture de la distinction, la géographie  a toute sa place comme le montre une anecdote du De infelicitate principum de Poggio Bracciolini. Celui-ci évoque une scène où, dans la maison de Niccolò Niccoli, puissant marchand florentin féru de géographie, un cénacle de savants en compagnie de Cosme de Médicis, qualifié d’ « egregium principe », discute autour d’un exemplaire de la Géographie de Ptolémée et Poggio d’opposer sur un ton plaisant son errance de secrétaire pontifical à la studieuse stabilité des savants discutant autour des cartes[4]. Dans le même ordre d’idée, les princes et les puissants conservent dans leur bibliothèque privée des manuscrits de luxe des géographes antiques, commandent des cartes qui leur montrent les dernières nouveautés et les exposent dans leurs palais. Un livre de géographie devient en puissance un cadeau diplomatique comme le montre le don, par Laurent de Médicis, d’un exemplaire des Septe Giornata della Geographia de Francesco Berlinghieri au sultan Bajazet II et à un de ses demi-frères exilé en Italie,[5] Francesco Patrizzi (1413-1492), évêque de Gaète et ami de Pie II, explique au livre III de son De regno et regis institutione (vers 1481-1484), dédié à Alphonse, duc de Calabre, que la connaissance du monde est l’unique moyen pour le prince de prendre conscience de la diversité des peuples et des lois qui les régissent[6].

Pourtant, la position des études géographiques dans l’ordre des disciplines n’est pas si différente des siècles précédents. Les descriptions du monde ou d’une région du monde ou encore d’une ville et de son environnement – et je m’occuperai ici uniquement de géographie descriptive –  sont certes plus nombreuses, plus variées, mais elles se trouvent encore souvent dans des œuvres de natures diverses : les descriptions géographiques d’un Pietro Ranzano prennent placent dans le cadre d’une volumineuse histoire universelle ; celle d’un Giovanni Fontana, dans une encyclopédie de philosophie naturelle ; celle d’un Raffaele Maffei (1451-1528) dans une encyclopédie humaniste du savoir, les Commentaria Urbana (1506).

Les traités de géographie autonomes, dont le sujet principal est la description du monde, ce qui serait le signe de l’émergence de la géographie, sont finalement assez rares au regard de l’ensemble de la production : ils sont principalement l’œuvre d’Enea Silvio Piccolomini (Pie II), de Biondo Flavio, et de Francesco Berlinghieri. Peut-on pour autant dire qu’ils fondent une discipline ? Il faut se garder des a priori sur la renaissance de la géographie au XVe siècle et l’examen attentif, non pas tant du contenu de ces œuvres que des buts que se sont fixés leurs auteurs eux-mêmes, montrera que les descriptions géographiques sont pour la plupart subordonnées à l’histoire et déterminées par des buts supérieurs. J’étudierai pour cela les « traités géographiques » (sans prendre en compte les cartes, ni les récits de voyages) en commençant par ceux produits en Italie, avant d’examiner le rôle de la géohistoire, sur le modèle de l’Italia illustrata de Flavio Biondo, dans la constitution d’une identité nationale en Allemagne et dans le royaume de France.

Géohistoire et description du monde en Italie

Je commencerai pas le premier traité de géographie autonome du Moyen Âge (en dehors de ceux écrits au IXe siècle, lors de la Renaissance carolingienne), le De locis orbis, écrit par un notaire ferrarais, Riccobaldus, dans la première décennie du XIVe siècle. Nous sommes ici très en amont de la géographie humaniste proprement dite mais Riccobaldus appartenait ou du moins fréquentait le cercle des préhumanistes padouans, qui ont joué un rôle important dans la naissance de l’humanisme, avant Pétrarque. Il justifie l’écriture d’un traité géographique autonome de la manière suivante :

J’ai pris la peine de composer une œuvre sur la description du monde, des îles de l’Océan et de ses parties pour rendre plus accessible le sens de l’histoire à ceux qui la lisent, pour qu’en quelque sorte, par la connaissance de la configuration du monde, la sagesse du Créateur soit révélée et pour qu’une honnête volupté charme les curieux comme moi[7].

Son œuvre est une orbis descriptio, une description du monde, utile pour trois raisons : aider à lire l’histoire, contempler l’œuvre de Dieu et goûter au plaisir intellectuel donné par la  connaissance. Deux aspects importants se dégagent, la lecture de l’histoire et la curiosité intellectuelle. Le second terme renvoie à un aspect bien connu de la culture humaniste : le plaisir de la lecture et de la connaissance en soi, un des moteurs principiels de la culture humaniste, détaché ici ou en tout cas très clairement différencié de la contemplation de l’œuvre de Dieu et placé en dernière position dans la hiérarchie des justifications. La connaissance géographique comme aide à la lecture de l’histoire vient du parcours même de Riccobaldus. C’est en tant qu’historien qu’il est venu à s’intéresser à la description de l’espace, qui pose le cadre où se déroulent les événements. L’idée n’est en rien exceptionnelle en ce début du XIVe siècle. Elle a été exprimée à de nombreuses reprises avant Riccobaldus. Au XVe siècle, elle est constitutive de l’intérêt des humanistes pour la « géographie ».

Quelques décennies plus tard, Silvio Enea Piccolomini partage des préoccupations similaires à l’égard de la géographie. Après avoir reçu une éducation humaniste à Sienne et à Florence, il devient le secrétaire de l’empereur Frédéric III, puis rejoint les rangs de l’Église de Rome où il fait une carrière remarquable qui le conduit au pontificat (1458-1464). Ses intérêts pour la géographie sont sensibles dès son Histoire de Frédéric et culminent à la fin de sa vie, lorsqu’il rédige deux traités « géographiques », souvent présentés à tort comme constituant un seul ouvrage sous le nom de Cosmographia alors qu’il s’agit de deux traités indépendants, le De Europa (1458) et le De Asia (1461)[8].

Dans le De Europa, composé en 1458, peu de temps après son accès au pontificat, Pie II définit l’utilité de la géographie :

Bien qu’il ne soit pas de notre propos de produire une géographie, il n’en reste pas moins que l’histoire elle-même que nous écrivons, requiert de donner quelque explication des lieux ; elle devient ainsi plus claire[9] .

Comme il l’indique lui-même par cette remarque (« bien qu’il ne soit pas de notre propos de produire une géographie »), le De Europa n’est pas à proprement parler une description géographique mais plutôt un tableau géopolitique et historique de l’Europe moderne, en tant qu’espace ouvert à l’action de l’Église. Pourtant, l’histoire « requiert de donner quelque explication des lieux ; elle devient ainsi plus claire », formule qui s’apparente au rôle assigné à la géographie par Riccobaldus de Ferrare. Mais plusieurs changements essentiels transforment la manière de faire de la géographie : l’arrivée de sources grecques nouvelles (Ptolémée bien sûr mais aussi Strabon, plus influent sur la réflexion sur la nature et sur la nécessité de la géographie descriptive[10]) ; une méthode géographique, initiée dès le milieu du XIVe siècle par Pétrarque, pour laquelle l’intelligence de l’espace se fonde sur la confrontation des textes antiques entre eux et en relation avec l’espace contemporain[11] ; enfin, l’émergence d’une nouvelle conception de l’histoire, que sert la connaissance de l’espace. Chez Pie II, l’histoire devient « régionale ». Elle est initiée dans son Historia Bohemica, où elle est étroitement liée à une géographie des origines : l’histoire d’une région commence avec l’installation de groupes ethniques dans un espace déterminé : de là l’importance d’une bonne connaissance de la géographie antique[12]. Pour Pie II, la description géographique devient dès lors un élément déterminant de l’histoire d’un espace politique, conception dont le De Europa est une parfaite illustration.

Le De Asia relève d’une idée similaire de la géographie. À première vue, le De Asia paraît consister en descriptions géographiques, sur le modèle strabonien. Mais dans le prologue, Pie II ne définit pas son projet comme une « géographie ». Après avoir rappelé classiquement que l’histoire était la recherche de la vérité (Nugas in fabulis, in historia verum querimus et serium : on cherche les futilités dans les fables mais la vérité et le sérieux dans l’histoire ), il expose sa méthode d’écriture :

L’ordre de composition sera le suivant : nous avons cherché à raconter les faits qui à notre époque méritent d’être rappelés, du moins ceux dont nous avons connaissance, en nous appuyant sur quelques événements anciens qui permettent d’expliquer mieux et rendent agréables les choses ; nous les traiterons chacun en fonction de son lieu, et nous commencerons par la partie orientale, en continuant le récit par les provinces intérieures, pour revenir vers nos régions occidentales, en insérant des exposés sur la nature et le site des lieux et des hommes lorsque cela nous semblera nécessaire. Et puisque le champs des faits que nous décrivons et que réalisent les mortels se déroulent dans presque tout l’orbis terrarum que nous habitons, entouré et irrigué par les eaux, il convient d’ajouter quelques généralités sur celui-ci, avant d’aborder l’histoire de ses régions et de ses lieux (partes eius et locorum historiam)[13].

Faire une historia locorum, associant description du cadre géographique et « gesta memoratu digna » : tel est encore le projet de Pie II. La géographie n’a d’intérêt qu’en tant que cadre de l’histoire des hommes, que celle-ci soit ancienne ou moderne. Décrire l’espace revient à décrire les régions où vivent des peuples définis par une histoire, des lois et des mœurs communes. Et c’est bien ce « récit » qu’entend conduire Pie II, en prenant en compte les changements qui font l’histoire, et qui sont inscrits dans l’espace – notamment les modifications de souveraineté. Les dernières parties qu’il a rédigées, centrées sur l’Asie Mineure et la menace turque, montrent l’arrière-plan idéologique et stratégique du traité, connaître l’Asie pour mieux défendre l’Europe contre les Turcs, y compris par la conquête[14]. Pour Pie II,  à la tête de la Chrétienté et promoteur malheureux d’une ultime croisade, décrire le monde découle de l’utilité pratique de la géographie comme connaissance permettant l’action – thème strabonien là encore.

Un autre exemple relevant de la géographie descriptive pourrait paraître comme une description du monde ayant sa valeur propre, indépendamment de tout autre considération : les Septe giornata della geografia de Francesco Berlinghieri écrites vers 1478-1482, dédiées à Frédéric de Montefeltre, duc d’Urbin et condottiere. C’est une adaptation versifiée en toscan de la Géographie de Ptolémée, longtemps jugée de peu de qualité[15] et, par conséquent, assez peu étudiée jusqu’à récemment[16]. Plus qu’une simple traduction de Ptolémée, Francesco Berlinghieri s’efforce d’articuler de manière systématique l’espace antique au moderne, fournissant de la sorte une description modernisée de l’ensemble de l’orbis terrarum.

Le contexte de production de l’œuvre, la Florence néo-platonicienne de Marsile Ficin, est perceptible dans le prologue qui montre Ptolémée descendre du ciel pour guider le narrateur sur le point de décrire l’orbis terrarum. Francesco Berlinghieri a assimilé l’enseignement de Strabon et proclame l’utilité de la géographie pour « el privato e el publico governo[17] » et comme chez Strabon, la géographie se rattache à une méditation philosophique sur la nature de l’homme. La descente de Ptolémée montre que ce sont les liens entre le monde terrestre et le monde céleste qui fondent la valeur de la description du monde : Francesco Berlinghieri ne considère pas la Géographie de Ptolémée seulement comme un traité de géographie mais plutôt comme une introduction à une contemplation du monde de nature néo-platonicienne où l’homme a une place centrale par sa puissance à ordonner le monde[18].

Le XVe siècle italien a vu aussi la naissance de deux nouveaux genres, les insulaires (dont il ne sera pas question ici) et ce qu’il est convenu d’appeler la « géographie antiquaire », inventée par Biondo Flavio dans son Italia illustrata, composée entre 1448 et 1453. L’ouvrage est, par sa méthode et ses objets, le fondement heuristique de presque toutes les entreprises ultérieures. Mais les traits caractéristiques de l’Italia illustrata ne sont toujours pas ceux d’une « géographie » : partant du constat que les temps anciens sont désormais inaccessibles aux modernes en raison des mutations qui ont affecté l’espace géographique –essentiellement le changement des noms des êtres géographiques, en particulier des villes – il se propose :

Puisque la situation est meilleure, Dieu étant plus favorable à notre époque et que revivent les autres arts et surtout l’éloquence, ce qui a entraîné les hommes de notre temps à s’engager avec plus d’empressement dans l’étude de l’histoire, j’ai voulu voir, moi qui suis devenu expert dans la connaissance de l’Italie, si je pourrais accorder aux plus anciens lieux et peuples de nouveaux noms, aux nouveaux lieux le prestige, rappeler à la mémoire les lieux disparus et ramener de l’obscurité à la lumière l’histoire de l’Italie.[19]

Biondo Flavio entend enquêter sur les transformations qui ont affecté l’espace pour faire rejaillir la gloire du passé italien sur les lieux de l’Italie moderne, ces lieux (essentiellement des villes) où naissent, agissent et écrivent les humanistes italiens. La recherche est de nature historique, à l’échelle du lieu : l’Italia illustrata est une histoire des lieux illustres de l’Italie et une topographie historique, à visée identitaire et laudative. Ce manifeste humaniste idéologique place l’Italie au centre de l’histoire. La culture géographique humaniste, dès lors qu’elle se développe hors de l’Italie, répond au même impératif de célébration.

Diffusion de la géographie humaniste :  le projet d’une Germania illustrata de Conrad Celtis

À cet égard, l’exemple de Conrad Celtis (1459-1508), humaniste « géographe » allemand est particulièrement éclairant. Né en Franconie, près de Würzburg, sous le nom de Conrad Pickel qu’il transforme en Conrad Celtis, il refuse de reprendre l’affaire de son père, commerçant de vin, et commence une vie d’étude. Il joue un rôle majeur dans le développement des études humanistes en Allemagne, notamment géographiques. Il est connu pour être le découvreur de la carte de Peutinger, qu’il a ensuite transmise à Conrad Peutinger ; il a lu avec une grande attention la Géographie de Ptolémée et édité la Germanie de Tacite. Il est aussi l’auteur d’un court poème latin De situ et moribus Germaniae (ou Germania Generalis) et d’une description de la ville de Nuremberg[20].

En 1492, il prononce une célèbre lecture inaugurale à Ingolstadt, où il expose son programme humaniste relatif à la poésie, la rhétorique, la philosophie, l’histoire (c’est-à-dire les disciplines classiques de la culture humaniste) mais aussi à la géographie, aux mathématiques et à la musique[21]. Il se fixe pour projet d’écrire une Germania illustrata, dont le titre évoque explicitement l’Italia illustrata de Biondo. L’humanisme allemand de Conrad Celtis est un humanisme militant et national, ce qu’exprime sans détours l’adjectif illustrata. L’ouvrage est aussi conçu comme une réponse à Enea Silvio Piccolomini qui avait remarqué dans son De Europa qu’il manquait une géographie de l’Allemagne, lacune que le programme de la Germania illustrata entend combler[22].

Le projet de la Germania illustrata est donc une géohistoire sur le modèle de Biondo. Mais ç’aurait été un programme bien plus périlleux à tenir. Là où Biondo peut décrire une Italie moderne sur laquelle rejaillit la gloire des anciens romains, Conrad Celtis affronte l’image ambiguë de Germains barbares telle qu’elle apparaît dans la Germania de Tacite (des barbares sans lettres et sans culture, mais dont les vertus naturelles contrastent avec la décadence romaine)[23]. Plus encore : le premier à affirmer la grandeur de l’Allemagne moderne est un Italien, Silvio Enea Piccolomini, dont les premiers écrits historiques empreints d’une forte culture géographique concernent précisément les espaces germaniques (Historia Austriles, Historia Bohemica, mais aussi le De Europa) où il donne des définitions ethniques et culturelles des grands ensembles politiques constituant l’espace germanique[24]. Dans la Germania, l’espace germanique est décrit comme uni par une langue commune, des lois et des usages communs mais la grandeur de l’Allemagne a trouvé comme catalyseur sa christianisation[25], analyse contre laquelle s’oppose violemment Conrad Celtis pour qui l’Allemagne est grande par nature et n’est en rien inférieure à l’Italie. Il revient aux humanistes d’examiner le passé et les ornements de l’Allemagne comme l’ont fait les humanistes italiens. C’est le sens du projet de la Germania illustrata, où la géohistoire doit servir à montrer la grandeur de la nation allemande[26].

S’il n’a jamais écrit la Germania illustrata, un texte décrivant Nuremberg et sa région, qu’il présente comme un prélude à sa description de la Germanie, donne une idée de sa manière de procéder. De facture traditionnelle, plus proche des éloges urbains que l’on trouve fréquemment dans les histoires locales, l’ouvrage présente Nuremberg comme située au centre de l’Allemagne mais aussi au centre de l’Europe – il a, pour arriver à ce résultat, manipulé une mappemonde ptoléméenne[27]. La ville tire en outre de sa position sous les astres (Conrad Celtis est aussi versé dans en astronomie) sa dignité et son éclat. Mais l’humanisme géographique allemand, dès lors qu’il se construit par une confrontation avec l’humanisme italien, doit chercher ses objets et des méthodes propres : là où les Italiens fondent leur méthode sur la résolution des problèmes d’identification des toponymes, reliant le monde au passé glorieux – ce que fait du reste Celtis dès que cela est possible –, l’humaniste allemand reconstruit le passé en glorifiant aussi bien l’imprégnation chrétienne de l’espace que les monuments civiques et le prestige des empereurs allemands, à commencer par Charlemagne.

La géographie de la Gaule et la gloire du royaume de France

Dans le royaume de France, la situation n’est guère favorable à la culture géographique humaniste, du moins jusqu’à la fin du XVe siècle : si un humanisme français original et précoce émerge au début du XVe siècle, il est « décapité » par l’élimination de ses principaux membres lors de la crise politique des premières décennies du XVe siècle. Les représentants de ce premier humanisme français ne portaient d’ailleurs qu’une attention modérée à l’espace. L’intérêt pour la géographie n’est évidemment pas pour autant absent des productions littéraires et savantes, comme le montre le Liber de figura mundi (1456) de Louis de Langle, achevé à Lyon et dédié à René d’Anjou[28], ou Antoine de la Sale, qui mêle quelques pages de description géographique à un ouvrage intitulé la Salade, ou encore la Description des pays de Gilles le Bouvier. Tous ces ouvrages, qui ressortent à une culture nobiliaire, ne traitent pas seulement de description du monde (à l’exception du dernier), mais insèrent des passages géographiques dans des ouvrages de nature éclectique. Le cas de Louis de Langle est à cet égard notable : la première partie décrit la création du monde, la deuxième les « divisions du monde » et la troisième est astrologique. La « géographie » occupe une place au sein d’un ensemble décrivant la création comme un tout où la Terre est soumise aux influences célestes.

Comme dans les pays germaniques cependant, l’humanisme géographique s’enracine dans la recherche de l’identité passée du royaume, et comme l’exprime dès le début du XVe siècle Pierre d’Ailly dans l’Imago mundi, les érudits se heurtent au caractère sommaire des descriptions antiques à l’égard de la Gaule :

Il faut savoir qu’Orose et Isidore et quelques autres cosmographes anciens ne parlent presque pas du royaume de France, établi dans les Gaules, et qui est maintenant le plus grand de tous les royaumes d’Europe, ni de Paris sa ville principale, qui est comme la lumière du monde dans l’étude des lettres divines et humaines. Ils ne disent rien non plus des cités éminentes de ce royaume ou des terres qui le jouxtent, comme la Lotharingie, le Liégeois, le Hainaut, le Cambresis, le Brabant, la Flandre et d’autres où se trouvent des villes et des forteresses peuplées et riches de biens. Je pense que cela vient de ce que les auteurs anciens ne traitaient pas des royaumes et des souverainetés qui changent souvent mais décrivaient les divisions des régions qui restent immuables. Il se peut aussi que ces parties n’étaient pas aussi peuplées et célèbres qu’elles ne le sont de nos jours[29].

Ce déficit quant à la célébration de la gloire du passé a longtemps été dépassé par la construction des origines mythiques du royaume – que la tradition savante commune, selon des vues idéologiques, fait remonter à une fondation troyenne. Un texte cependant donne des renseignements importants sur la Gaule antique, la Guerre des Gaules de César, qui a fait l’objet d’une adaptation en français dès le XIIIe siècle, Les Faits des Romains[30]. Entrés dans la tradition commune, les commentaires sur les Faits des Romains et la Guerre des Gaules ont généré des discussions relatives à l’identification et à la situation de noms géographiques et d’ethnonymes. Un cas intéressant à cet égard est celui de Simon de Plumetot (1371-1443), membre du parlement et pro-anglais, qui termine ses jours en exil en Normandie. Grand lecteur et amateur de livres, il a laissé des notes de lecture sur la Guerre des Gaules (associées à des extraits de la Géographie de Ptolémée) où il tente précisément de reconstituer l’espace de l’ancienne Gaule et de le mettre en relation avec le royaume de France. Sans qu’on puisse y voir l’influence directe de la géographie des humanistes italiens, les procédés utilisés par Simon de Plumetot sont de même nature que les leurs[31].

Vers la fin du XVe siècle, avec l’épanouissement de l’humanisme dans le royaume de France, l’intérêt pour l’espace antique de la Gaule et la question de l’identité culturelle se posent en des termes qui rappellent le programme de Conrad Celtis. L’humaniste Robert Gaguin a proposé en 1488 sa propre traduction de la Guerre des Gaules qu’il dédie à Charles VII. Il lui en suggère la lecture en tant qu’exemple de bravoure et de bon gouvernement, mais aussi en raison de la connaissance parfaite qu’avait César de l’espace de la Gaule où s’étend l’actuel royaume de France:

Car comme deux choses soyent premierement requises et fort convenables a ung souverain prince, cest assauoir prudence de conduire en bon ordre les choses publicques et force de mener vaillamment et de couraige les guerres quant il en est besoing, vous trouverez lune et lautre chose en ce livre lequel Iules Cesar escript de ses mesmes faiz et entreprinses lesquelles il fist en dix ans quil eust la charge du peuple de Romme de gouverner la prouince de Gaule, pendant lequel temps il eust congnoissance a loeil de toutes les contrees et de tous les fors lieux de la terre de Gaule en laquelle vostre royaulme est situe et assis et lequel comprend la plus grande partie dicelle terre... [32]

Plus loin, il ajoute : « et en ce faisant il nous donne congnoissance de moult de choses seruant a la gloire du pais de Gaule et de vostre royaulme ».

Robert Gaguin insère aussi une description de la Gaule au début de son Compendium de origine et gestis Francorum, dont la première édition date de 1495 : la place dans l’œuvre, après le rappel des premiers mérovingiens, indique qu’il entend décrire l’espace de la Gaule en tant que cadre de l’histoire des Francs.  Il procède à la même mise en parallèle entre espace antique et moderne que l’on trouve dans la géographie italienne, mais adaptée non pas aux cités italiennes mais à l’espace d’un royaume. Comme chez Conrad Celtis, il se positionne par rapport à l’humanisme italien et corrige des erreurs de Pétrarque et de Boccace[33]. Une fois de plus, la question d’une identité collective rapportée à un espace politique est un moteur principiel de l’écriture géographique. 

Les traités de « géographie » humanistes italiens du XVe siècle ne sont autonomes qu’en apparence. Ils sont à quelque degré que ce soit associés à l’histoire et subordonnés à des considérations supérieures d’ordre politique et idéologique, ou cosmologique, ce qui est le cas  aussi en Allemagne et en France. La « scientia locorum » (l’expression est de Roger Bacon et rappelle celle d’Enea Silvio Piccolomini de « locorum historia ») ne constitue pas une « discipline » à part entière – à l’exception des écrits des anciens – mais elle est utile parce qu’elle sous-tend des questions qui font sens dans la culture du XVe siècle : les rapports de la Terre avec le ciel, l’histoire en relation avec les identités régionales ou locales. A l’orée du XVIe siècle, un géographe oublié, Sebastiano Compagni, écrit le premier une géographie à l’échelle du monde, qu’il appelle explicitement Geographia. Bien que marquée par la géographie des humanistes du XVe siècle, notamment dans ses méthodes, la Géographie de Sebastiano Compagni s’en éloigne par une relative distance à l’égard aussi bien de l’histoire que d’une conception de la Terre comme devant nécessairement être liée au ciel[34].  L’auteur se revendique lui-même comme un géographe et exprime son mépris pour les « petits géographes » qui pullulent à son époque[35]. Mais l’ouvrage, pourtant offert à Léon X, est resté connu seulement dans le cercle restreint de familiers de la bibliothèque pontificale jusqu’à sa publication à Bâle en 1557 sous le nom de Dominicus Marius Niger.

Ces quelques remarques ne visent pas à amoindrir l’intérêt pour la « géographie des humanistes » du XVe siècle, mais à rappeler que les préoccupations géographiques ressortissent essentiellement à trois attitudes : la curiosité intellectuelle et le délassement de l’esprit (qui expliquent en partie aussi le « furor geographicus ») ; l’intelligence de l’histoire (d’où vient aussi l’importance croissante accordée à la connaissance de l’espace pour ceux qui le gouvernent et l’administrent) ;  et les rapports entre le ciel et la Terre (la description du monde s’inscrit le plus souvent dans une conception d’ensemble du cosmos harmonieusement organisé par la proportion et par la mesure). La description de l’espace vaut dans les rapports qu’elle entretient avec d’autres « disciplines » dont elle concourt à élargir l’horizon et à préciser le contenu. Enfin, cette « géographie humaniste » vise essentiellement à articuler espace ancien et espace moderne. Les géographes antiques, qu’ils soient admirés, contestés ou modernisés, constituent le socle de toute pensée de l’espace.

De ce point de vue, il paraît difficile de voir dans les préoccupations grandissantes pour l’espace dans tous ses aspects durant le XVe siècle, la constitution d’une « discipline » conduisant à une uniformisation des méthodes et des objets. On peut d’ailleurs se demander si ce qui vient d’être exposé n’est pas tout autant valable pour le XVIe siècle (malgré la différenciation entre une géographie « mathématique » et une géographie « descriptive »). Il faut attendre le XVIIe siècle pour que la rupture entre la géographie des anciens et celle des modernes soit consommée, impliquant d’une part une géographie historique clairement définie et d’autre part l’élaboration d’une discipline géographique dégagée des impératifs de l’historia locorum, fondée sur des recherches scientifiques et mathématiques. C’est en tout cas le point de vue des savants qui s’étaient engagés dans cette « création moderne »[36].

Notes de pied de page

  1. ^ Sur l’ampleur de la culture géographique au XVe siècle, Sebastiano Gentile, « L’ambiente umanistico fiorentino e lo studio della geografia nel secolo XV », in Luciano Formisano et alii (éds), Amerigo Vespucci. La vita e viaggi, Florence, Banca Toscano, 1991, p. 11-45.
  2. ^  Sebastiano Gentile (éd.), Firenze e la scoperta dell’America. Umanesimo e geografia nel’ 400 Fiorentino, Florence, Leo S. Olschki editore, 1992 ; Marica Milanesi, « La rinascita della geografia dell’Europa (1350-1480) », in Sergio Gensini, Europa e Mediterraneo tra Medioevo e prima età moderna : l’osservatorio italiano, San Miniato, Pacini 1992, 35-49 ; S. Gentile, « L’ambiente umanistico fiorentino e lo studio della geographia nel secolo XV », in Amerigo Vespucci. La vita e i viaggi, op. cit., p. 9-63.
  3. ^ Francisco Rico, Le rêve de l’humanisme. De Pétrarque à Érasme, Paris, Les Belles Lettres, 2002.
  4. ^  Poggio Bracciolini, De infelicitate principum, éd. Davide Canfora, Rome, 1998 (Edizione nazionale dei testi umanistici, 2), p. 7-8.
  5. ^  Sean Roberts, Printing a Mediterranean World. Florence, Constantinople and the Renaissance of Geography, Cambridge Mass./Londres, Harvard University Press, 2013.
  6. ^  Francesco Patrizi, De regno et regis institutione libri IX, Paris, apud A. Gorbinum, 1582, f. 134.
  7. ^  Riccobaldus de Ferrare, Liber de locis orbis et insularum et marium, prologue, éd. Gabriele Zanella, Riccobaldo da Ferrara, De locis orbis, Ferrare, 1986 (Deputazione provinciale Ferrarese di storia patria. Monumenti, X), p. 35.
  8. ^  Les deux traités ont été réunis sous le titre de Cosmographia dans l’édition parisienne de 1509.
  9. ^  Enee Silvii Piccolominei postea Pii PP. II De Europa, éd. Adrianus Van Heck, Cité du Vatican, 2001, II, 17, p. 58.
  10. ^  Patrick Gautier Dalché, « Strabo reception in the West (fifteenth-sixteenth centuries) », in Daniela Dueck (éd), The Routldege Companion to Strabo, Londres-New York, 2017, p. 367–383.
  11. ^ [11] Sur la méthode géographique de Pétrarque, voir Nathalie Bouloux, Culture et savoirs géographiques en Italie au XIVe siècle, Turnhout, Brepols, 2002, p. 185-201 et « La méthode géographique de Pétrarque : antécédents et postérité », Geografie del Petrarca, Convegno internazionale di studi, Ente del Petrarca, Padoue, à paraître .
  12. ^  Rolando Montecalvo, « The New Landesgeschichte : Aeneas Silvius on Austria and Bohemia », in Z. von Martels, A. Vanderjact (éd.), Pius II « el più expeditivo pontifice ». Selected studies on Aeneas Silvius Piccolomini (1405-1464), Leyde, Brill, 2003, p. 55-86.
  13. ^  Asia, Préface, Enea Silivio Piccolomini, Papa Pio II, Asia, éd. Nicola Casella, Bellinzona, Edizioni Casagrande, 2004, p. 24..
  14. ^  Ibid., p. 12. Voir aussi Nicola Casella, « Pio II tra geografia e storia : la Cosmographia », Archivio della Società romana di storia patria, n° 95, 1972, p. 35-112.
  15. ^  Roberto Almagià, « Osservazioni sull’opera geografica di Francesco Berlinghieri », Archivio della Reale Deputazione romana di storia patria, n° 68, 1945, p. 211-225.
  16. ^  Patrick Gautier Dalché, La Géographie de Ptolémée en Occident (IVe-XVIe siècle), Turnhout, Brepols, 2009, p. 252-255 ; Angelo Cattaneo, « Map Projections and Perspective in the Renaissance », in Zur Shalev et Charles Burnett (dir.), Ptolemy’s Geography in the Renaissance, Londres, Warburg Institute, Turin, N. Aragno, 2011, p. 65-67 ; Sean Roberts, Printing a Mediterranean world. Florence, Constantinople and the Renaissance of Geography, Cambridge-Londres, 2013 ; Rossella Bessi, « Appunti sulla la ‘Geographia’ di Francesco Berlinghieri », Rivista geografica italiana, n° 100, 1, 1993, p. 159-175.
  17. ^  Sean Roberts, op. cit., p. 67.
  18. ^  Patrick Gautier Dalché, op. cit., p. 253 ; Angelo Cattaneo, art. cit., p. 66.
  19. ^  Biondo Flavio, Italy illuminated, éd. Jeffrey A. White, Cambridge-Londres, 2005 (The I Tatti Renaissance library), p. 4.
  20. ^  Pour une biographie de Conrad Celtis, voir Friedrich von Bezold, Konrad Celtis, der deutsche Erzhumanist, Darmstadt, WBG, 1959 et Lewis W. Spitz, Conrad Celtis. The German Arch-Humanist, Cambridge, Harvard University Press, 1957.
  21. ^  Sur la géographie, liée explicitement à l’histoire : « Magno vobis pudori ducite Graecorum et Latinorum nescire historias et super omnem impudentiam regionis nostrae et terrae nescire situm, sidera, flumina, montes, antiquitates, nationes... » dans Hans Rupprich (éd.), Oratio in gymnasio in Ingelstadio publice recitata cum carminibus ad orationem pertinentibus, Leipzig, B. G. Teubner, 1932, p. 3, §31. Sur la géographie de Conrad Celtis, voir Gernot Michael Muller, Die ‘Germania generalis’ des Conrad Celtis. Studien mit Edition, Übersetzung und Kommentar, Berlin, De Gruyter, 2001.
  22. ^  « ueteres scriptores parcissime de Germania locuti sunt. », De Europa, XXII, 114, éd. cit., p. 133.
  23. ^  Voir Christopher B. Krebs, Negotiatio Germaniae. Tacitus’ Germania und Enea Silvio Piccolomini, Giannantonio Campano, Conrad Celtis und Heinrich Bebel, Göttingen, Vandenhoeck and Ruprecht, 2005.
  24. ^ [24] David J. Collins, « The Germania illustrata. Humanist History and the Christianisation of Germany », in Katherine Van Liere, Simon Ditchfied and Howard Louthan (éd.), Sacred History. Uses of the Christian Past in the Renaissance World, Oxford, Oxford University Press, 2012, p. 105.
  25. ^  Ibid, p. 105.
  26. ^  À la fin de la préface de ses Quattuor libri amorum, dédiés à l’empereur Maximilien, il exprime sans ambiguïté cette fonction essentielle de la géographie : « Sunt qui se Gallias, Hispanias et utramque Sarmatiam et Pannoniam, transmarinas etiam terras lustrasse et vidisse gloriantur. Ego non minori gloria hominem Germanum philosophiae studiosum dignum existimo, qui patriae suae linguae fines et terminos gentiumque in ea diversos ritus, leges, linguas, religiones, habitum denique et affectiones corporumque varia lineamenta et figuras viderit et observaverit. Illaque omnia in illustrata Germania nostra, quae in manibus est, faventibus Germanis nostris numinibus et tuae inclitae maiestatis praesidio et auxilio quattuor libris, particularibus gentium tabulis explicemus », dans Conradus Celtis Protucius, Quattuor libri amorum secundum quattuor latera Germaniae. Germania Generalis, éd. Felicitas Pindter, Leipzig, B. G. Teubner, 1934, p. 6-7.
  27. ^  « Quo fit ut urbs non modo universae Germaniae sed totius Europe medio centro condita sit. Quippe quae tantum a Codono et Adriatico sinu distat: et ab oceano externo et Tanais ripis pari fere spatio » (De origine, situ, moribus et institutis Norimbergae libellus, Capitulum sextum de verticalibus urbis syderibus et qualitate aeris vaitudine et habitu populi, in Conrad Celtis, Quatuor libri amorum secundum quatuor latera Germanie, Nürnberg, 1502, sp.)
  28. ^  Le traité, inédit, est conservé dans trois manuscrits. Il existe une traduction française par Jean de Beauvau, dédiée au roi de France (voir Christine Gadrat-Ouerfelli, Lire Marco Polo au Moyen Age. Traduction, diffusion et réception du Devisement du monde, Turnhout, Brepols, 2015, p. 258-264).
  29. ^  Pierre d’Ailly, Ymago mundi, éd. Edmond Buron, Paris, 1930, t. II, p. 334.
  30. ^  Robert Bossuat, « Traductions françaises des Commentaires de César à la fin du XVe siècle », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, n° 3, 1943, 253-411 ; Mireille Schmidt-Chazan, « Les traductions de la ‘Guerre des Gaules’ et le sentiment national au Moyen Âge », in Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, 8e congrès, Tours, 1977, L’historiographie en Occident du Ve au XVe siècle, Rennes, 1980, p 387-407.
  31. ^  Nathalie Bouloux, « Géographie de la Gaule, géographie du royaume. Notes de lecture d’un érudit normand de la première moitié du XVe siècle, Simon de Plumetot », in Nathalie Bouloux, Anca Dan et Georges Tolias (dir.) Orbis disciplinae. Hommages en l’honneur de Patrick Gautier Dalché, Turnhout, Brepols, 2017, p. 660-687.
  32. ^  Les commentaires de Julius Cesar, Paris s. d., Antoine Vérard, présentation, n. p. Sur Robert Gaguin, Franck Collard, Un historien au travail à la fin du XVe siècle: Robert Gaguin, Genève, Droz,1996.
  33. ^  Robert Gaguin, Compendium de origine et gestis Francorum, Paris, Jean Petit et Durant Gerlier, 1500, livre I, f. 2v-4r. Voir Nathalie Bouloux, « From Gaul to the Kingdom of France : Representations of French Space in the Geographical Texts of the Middle Ages (Twelfth-Fifteenth Centuries) », in Meredith Cohen, Fanny Madeline (éd.), Space in the Medieval West. Places, Territories, and Imagined Geographies, Farnham, Burlingthon, 2014, p. 204-206.
  34. ^  Cela ne l’empêche pas d’avoir une perception valorisée des espaces, certains (en particulier la Grèce et l’Italie) valant plus que les autres, ce qui entraîne la mise en œuvre d’une historia locorum sur le modèle de Silvio Enea Piccolomini et de Biondo Flavio.
  35. ^  Sur Sebastiano Compagni, voir Nathalie Bouloux, Entre Ancien et Moderne, la Géographie de Sebastiano Compagni, à paraître.
  36. ^  L’expression est de Marica Milanesi : « Le regard de la postérité. L’âge des découvertes vu XVIIe et au XVIIIe siècle », Médiévales, n° 48, 2010, p. 11-26, en particulier la conclusion p. 26.

Référence électronique

Nathalie BOULOUX, « Décrire le monde à l’âge de l’humanisme (XVe siècle, Italie-France-Allemagne) », Astrolabe - ISSN 2102-538X [En ligne], Émergences de la géographie, France/Italie, XIVe-XVIIe siècles (novembre 2020), mis en ligne le 20/11/2020, URL : https://www.crlv.org/articles/decrire-monde-a-lage-lhumanisme-xve-siecle-italie-france-allemagne